La couleur avait été annoncée au cours des derniers mois, notamment en juillet dernier : la restructuration de la dette de Cybergun sera complexe et douloureuse. Confirmation ce matin. La société a annoncé que près de 75% de ses porteurs d'obligation ont donné leur accord de principe à un projet leur offrant deux portes de sortie. Ce schéma doit encore recevoir l'aval définitif des porteurs réunis en assemblée générale d'ici la fin du mois de novembre. Le dispositif permettrait à chaque obligataire de choisir une des deux options qui suit ou de les panacher :

  • Le porteur peut opter pour la remise d'actions de la société à hauteur de tout ou partie de sa créance, cessibles au fil de l'eau entre le 1er décembre 2020 et le 31 décembre 2022. Pour les appâter, ils recevraient un bon de souscription d'action (dit "BSA K1") exerçable dès le 1er décembre 2020. Le processus de transformation de la créance sera organisé au sein d'une fiducie.
  • Et/ou le porteur peut obtenir le remboursement immédiat de 30% de sa créance au 31 décembre 2019, et obtenir un bon de souscription d'actions ("BSA K2") exerçable immédiatement. Dans ce schéma, il s'assoit sur une partie de sa mise mais en sécurise 30% et peut espérer un bonus en cédant les actions issues des BSA.

L'originalité, c'est que l'actionnaire de référence, Restarted Investment, s'est engagé à assurer le financement du paiement en numéraire de l'option 2 (les 30% de remboursement des créances) et qu'il deviendra donc bénéficiaire de la fiducie. L'actionnaire a prévu de conserver les actions issues de l'option 1 et non de les vendre sur le marché, "limitant ainsi l’impact sur la liquidité du titre et démontrant la volonté de Restarted Investment d’être un actionnaire de référence de long terme", écrit-il. L'objectif est d'aboutir à un accord en janvier. Cybergun a par ailleurs pris la décision de fusionner les fonctions de président et de directeur général entre les mains d'Hugo Brugiere, le directeur général qui se démène pour sauver l'entreprise.

Graphique CYBERGUN

A ce stade, la dilution potentielle des actionnaires n'est pas connue, puisque les modalités définitives du plan de désintéressement des obligataires n'ont pas encore été arrêtées. Quoi qu'il en soit, elle viendra s'ajouter à une dilution déjà massive qui se profile à cause du recours de la société à une ligne de financement en fonds propres pour assurer son développement. Cybergun a en effet contracté avec EHGOS, un fonds rompu à ce type d'opération, un accord de financement en fonds propres sous forme d'obligations convertibles en actions (de type OCEANE) sur 96 mois. Une ligne copieusement garnie puisqu'elle pourrait atteindre 92 M€. En cas d'utilisation en totalité de la ligne, un actionnaire détenant 1% du capital se retrouverait avec 0,058% des parts.

"Nous communiquerons très prochainement sur les investissements, créateurs de valeur, qui seront réalisés avec cet argent", indique le néo-PDG, Hugo Brugiere, qui sera exposé à la dilution via le holding Restarted Investment dont la moins-value latente actuelle "est de plus de 8 M€" et qui a prévu de consacrer "2,5 à 3 M€" au financement des solutions trouvées pour la dette obligataire. Ce constitue, de son point de vue, "un signal fort que l’actionnaire de référence soutient toujours la stratégie". Les actionnaires qui veulent en débattre auront l'occasion de le faire le 11 octobre à midi au siège de la société, à Suresnes, pour l'assemblée générale mixte qui aura lieu sur seconde convocation.

Le titre perdait près de 30% à 0,052 EUR en matinée, sur un décrochage brutal.