Pour "finaliser son désendettement et financer son développement", Cybergun se lance dans une augmentation de capital en proposant des actions nouvelles à 0,88 euro, soit au-dessus du cours de clôture au 27 juin (0,858 euro). Ces actions sont, il est vrai, renforcées de deux BSAR (bons de souscription d'actions remboursables), qui permettent aux actionnaires d'acheter de nouveaux titres à un prix prédéfini à terme. Quelques éclairages s'imposent sur cette opération, alors que le titre perd plus de 9% à 0,777 euro à l'ouverture parisienne.
Des BSAR à 1,25 et 2 euros
Les BSAR 1, valables jusqu'au 31 juillet 2020, permettent d'acquérir 1 action nouvelle de la société en payant 1,25 euro. Les BSAR 2 sont exerçables jusqu’au 31 juillet 2022. 4 BSAR 2 permettront d'acheter une action Cybergun à 2 euros. Ces bons sont des options sur la réussite de l'entreprise. Si l'action décolle avec le redressement des résultats, ils permettront d'acheter des actions à prix cassés. Si ce n'est pas le cas, les bons ne serviront à rien. Ce n'est pas tout à fait exact, car ils seront négociables durant leur période de validité sur deux lignes distinctes, et par conséquent monétisables. Les bons apportent une justification au prix décidé pour l'opération, 0,88 euro, alors qu'une augmentation de capital se fait en général avec une décote sur les cours, pour appâter les investisseurs.
A quoi ressemble cette levée de fonds ?
Cybergun propose d'émettre 13 465 214 actions nouvelles assorties chacune d'un BSAR 1 et d'un BSAR 2, qui seront plus commodément désignées sous le terme "ABSAR". Le produit brut atteindrait ainsi 11,85 millions d'euros en cas de souscription à 100%, ou environ 11,7 millions d'euros en retirant les frais estimés de l'émission. La levée de fonds est susceptible d'être portée à 13,626 millions d'euros en cas d'exercice de la clause d'extension, qui aboutirait à la création d'environ 15,485 millions d'actions. Ces montants sont ceux qui seraient perçus à la réalisation de l'opération. L'exercice des BSAR 1 et 2 pourrait amener pas mal de fonds supplémentaires dans l'hypothèse où ils seraient dans la monnaie et totalement exercés : 27,1 millions d'euros au global dans l'hypothèse la plus favorable (augmentation de capital + clause d'extension exercée à 100% + exercice de tous les BSAR). Mais nous n'en sommes pas encore là. La dilution sera importante puisqu'il n'y a actuellement que 19 236 021 actions en circulation.
Cybergun a-t-il des engagements ?
Oui, les principaux actionnaires ont prévu de consacrer jusqu'à 5,607 millions d'euros à l'opération, soit 47,3% de l'émission de base. D'autres personnes morales et physiques non-actionnaires (mais créancières) ont prévu d'apporter 3,58 millions d'euros, soit 30,2% de l'émission. Au total, les engagements couvrent 9,187 millions d'euros, soit 77,5% de l'émission. Les "investisseurs tiers" vont toutefois devoir acquérir des DPS pour concrétiser leurs intentions. Les DPS (qui seront cotés sous l'ISIN FR0013340775) permettent à leur titulaire de bénéficier d'une priorité à raison de 10 DPS pour 7 ABSAR. Les DPS seront cotés du 2 au 13 juillet. Ils permettront d'acquérir des ABSAR du 4 au 17 juillet. Le résultat de l'opération est attendu le 23 juillet.
A quoi serviront les fonds ?
Une partie non-négligeable de l'argent devrait servir à rembourser des créanciers. En effet, les engagements de souscription précités émanent de Restarted Investment, BM Invest, Ingeco, Amaury de Botmiliau, SARL D. Ampi, EURL De la Borne, HBR et Junon Finance, qui tous ont prêté de l'argent à la société. Si ces investisseurs consacrent les 9,187 millions prévus à l'opération (certains d'entre eux doivent, rappelons-le, racheter des DPS pour cela), le montant des fonds récupérés par Cybergun pour ses investissements serait de 2,5 millions d'euros (en se fondant sur le total de base de titres à émettre, hors extension).
La dette financière brute de la société atteignait 25,1 millions d'euros au 31 mars dernier. En transformant les créances du compte courant en actions, la dette financière du groupe reculerait à 15,9 millions d'euros, dont 12,3 millions d'euros de dette obligataire et 3,6 millions d'euros de dette bancaire. Les 2,5 millions d'euros obtenus en financement seraient consacrés à l'expansion de la société "dans le domaine militaire via la prise de participation d’une unité de production dans un pays de l’OTAN aux fins de produire une arme innovante avec un partenaire international" et à "la mise en œuvre d’un partenariat industriel en Asie pour l’activité civile".
CYBERGUN est le leader mondial de la conception et de la distribution de répliques d'armes factices destinées aux amateurs de jeux vidéo, de tir sportif ou de plein air, et aux collectionneurs. L'activité du groupe s'organise autour de 2 pôles :
- répliques d'armes : répliques à l'échelle 1/1 projetant des billes en plastique de 6 mm. A fin mars 2023, CYBERGUN détient 21 licences exclusives mondiales ou européennes (notamment Smith & Wesson, Famas, Desert Eagle, Colt, Taurus, Uzi, Mossberg, Tanfoglio, Schmeisser, Thompson, Sig Sauer, Kalashnikov, Blaser et Beretta) ;
- accessoires et consommables : lunettes, cibles, billes en plastique, recharges de gaz, etc.
La fabrication des produits est assurée par des sous-traitants.
La commercialisation des produits est principalement assurée au travers de grossistes, de magasins spécialisés (armuriers, magasins de pêche et de chasse, magasins de jouets et de jeux vidéo), et via les grandes chaînes de distribution.