FRANCFORT (awp/afp) - Une première plainte d'un investisseur a été déposée contre Daimler en Allemagne, pour réclamer des réparations en raison de mensonges répétés du constructeur au marché dans le scandale des moteurs diesel truqués, qui l'a rattrapé, a indiqué samedi un cabinet d'avocats allemand.

La plainte a été déposée vendredi auprès du Tribunal régional de Stuttgart par le cabinet d'avocats Tilp, qui accuse Daimler de "diverses manipulations de marché" depuis 2014, en ayant passé sous silence "les risque immenses liés à l'installation d'un dispositif illicite dans ses véhicules" pour tromper les contrôles sur les émissions d'oxyde d'azote (NOx), selon Andreas Tilp, avocat cité dans un communiqué.

Le cabinet d'avocat cite à cet égard une interview donnée en septembre 2015 en plein éclatement du dieselgate par Dieter Zetsche, patron de Daimler, où il affirmait que "contrairement à Volkswagen, Daimler n'a pas installé de logiciel fraudeur dans ses véhicules".

Mais la maison mère de Mercedes s'est retrouvée à son tour plongée dans ce scandale mondial après le rappel à travers l'Europe de 774.000 de la marque à l'étoile équipés de logiciels capables de fausser les niveaux d'émissions, selon l'ordre donné le 11 juin par le ministère allemand des Transports.

Le cabinet chiffre à "au moins 12,5% du prix par action achetée" le préjudice subi par chaque actionnaire de Daimler, ce qui pourrait conduire à des réclamations "en milliards" auprès du constructeur.

Fidèle à une tactique employée dans des plaintes liées au même scandale, le cabinet Tilp, installé près de Stuttgart, s'attend en effet à ce que de nombreux actionnaires de Daimler rejoignent sa plainte de vendredi, qui a un caractère pilote.

Le cabinet représente déjà plus de 2.000 plaignants, actionnaires particuliers et institutionnels, qui réclament environ 5,4 milliards d'euros de dommages à Volkswagen en Allemagne, rappelle-t-il. Une autre plainte déposée au nom d'actionnaires contre Porsche SE, la maison mère de Volkswagen, est examinée depuis plus de 15 mois par le Tribunal de Stuttgart.

Le scandale des émissions de gaz d'échappement, parti de chez Volkswagen, "continuera de peser pendant des années", a estimé de son côté Stephan Weil, le ministre-président du Lande de Basse-Saxe, dans une interview publiée samedi par la "Hannoversche Allgemeine Zeitung".

L'État de Basse-Saxe, actionnaire à 20% du constructeur de Wolfsburg, étudie par ailleurs "très sérieusement" la possibilité de réclamer des dommages et intérêts à Martin Winterkorn, l'ancien patron de VW, et d'autres membres du directoire du groupe, a encore indiqué M. Weil dans une interview à la "Süddeutsche Zeitung" publiée samedi.

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