(Actualisé avec précisions, contexte)

PARIS, 16 octobre (Reuters) - La France et l'Allemagne ont conclu un accord "juridiquement contraignant" sur les règles de contrôle des exportations d'armements pour les programmes développés en commun, ce qui devrait relancer la coopération entre les deux pays pour le développement du char et de l'avion de combat du futur, a annoncé l'Elysée.

L'accord négocié depuis plus d'un an "scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs", disent les deux pays dans une déclaration commune publiée à l'occasion d'un conseil des ministres franco-allemand à Toulouse.

Les règles strictes imposées par l'Allemagne aux exportations d'armements vers les pays qui ne sont pas membres de l'Union européenne ou de l'Otan compliquent la coopération entre Berlin et Paris dans ce domaine.

Cette situation a été rendue plus délicate encore par l'accord de coalition gouvernementale entre la CDU de la chancelière Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD, qui interdit les exportations vers des pays en guerre, comme c'est le cas de l'Arabie saoudite au Yémen.

Cette situation était source d'irritation croissante pour les industriels français qui développent des programmes avec l'Allemagne, ou dont les équipements contiennent des composants allemands.

LE PROGRAMME D'AVION DE COMBAT DU FUTUR RELANCÉ

Airbus Defence & Space et Dassault ont ainsi exprimé récemment leur frustration face au retard pris par le programme de chasseur du futur, le SCAF, développé avec l'Allemagne et l'Espagne, alors que la concurrence avec le projet de Tempest britannique s'exacerbe.

Emmanuel Macron a annoncé lors d'une conférence de presse un "accord de principe" sur le travail conjoint à mener pour développer ce nouvel avion de combat en partenariat, notamment, avec le motoriste allemand MTU.

D'autres fabricants d'armement français, comme Nexter et Arquus (ex-Renault Truck Defense), se sont de leur côté dits pénalisés pour l'obtention de contrats à l'export pour des équipements qui comprennent des composants allemands.

Nexter s'inquiétait aussi pour le projet de "char du futur" destiné à succéder aux actuels chars Leclerc. Une "lettre d'intention" a été signée lors d'un conseil de défense franco-allemand à Toulouse, a précisé Emmanuel Macron.

Concernant les exportations d'armements, l'accord négocié entre Paris et Berlin repose sur la règle dite des "minimis", a précisé Angela Merkel

Cette règle prévoit que l'Allemagne ne bloque pas les exportations d'armement français vers des pays tiers dès lors que la part des équipements ou composants allemands n'excède pas 20% de la totalité du matériel concerné (et réciproquement).

En janvier, Angela Merkel avait estimé au côté d'Emmanuel Macron à Aix-La-Chapelle, que la définition d'une doctrine commune était nécessaire mais supposait une évolution de la culture française en la matière. (Tangi Salaün avec Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Dassault Aviation, BAE Systems, Safran, Thales, Volvo