L'avionneur, qui a besoin d'étoffer sa gamme face à une concurrence accrue sur le marché des jets, compte sur trois avions: le 8X entré en service en octobre 2016, le remplaçant du 5X attendu pour 2022 et un troisième jet prévu pour être défini à la fin de 2017.

"Au vu de l’ampleur des risques techniques et calendaires du Silvercrest, Dassault Aviation engage le processus de résiliation du contrat Silvercrest conduisant à l’arrêt du programme Falcon 5X et prévoit de lancer des négociations avec Safran", déclare le groupe dans un communiqué.

Safran, qui devait à l'origine livrer le Silvercrest fin 2013, a multiplié les retards jusqu'à faire état à l'automne dernier de problèmes sur le compresseur haute pression et de nouvelles dégradations de performance, rendant impossible l'entrée en service du 5X, déjà repoussée à 2020, soit trois ans plus tard que prévu.

Le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin, avait dit fin octobre ne pas disposer de nouvelle date de certification, expliquant qu'il faudrait du temps pour résoudre les nouveaux problèmes du Silvercrest, différents des difficultés antérieures, elles, bien réglées.

"On ne parle pas de semaines, on parle vraiment de mois", avait-il déclaré.

Dassault Aviation a donc décidé de trancher, constatant l'inquiétude de ses clients et des annulations de commandes (12 en 2016).

Le nouvel avion, qui reprendra le diamètre du fuselage du 5X et aura une portée augmentée de 5.200 à 5.500 miles nautiques (9.600-10.200 km) sera motorisé par Pratt & Whitney Canada.

Dassault Aviation, qui fait face au ralentissement du marché des jets, tire désormais ses succès commerciaux du Rafale, dont il vient de vendre au moins 12 exemplaires supplémentaires au Qatar, tout en espérant convaincre le Canada, qui a renoncé mardi à acheter des chasseurs à Boeing.

TEXTRON MAINTIENT SA CONFIANCE AU MOTEUR DE SAFRAN

Safran dit dans un communiqué que Dassault Aviation l'avait informé ne pas partager "l'analyse de la situation du programme" et donc être susceptible d'arrêter le contrat.

Il confirme toutefois ses perspectives pour 2017.

Des analystes ont minimisé par le passé les retards à répétition du Silvecrest pour le 5X, très petit contributeur au chiffre d'affaires global de la propulsion de Safran.

Safran, qui a rappelé que les pénalités contractuelles au titre du développement du moteur avaient déjà été provisionnées dans ses comptes, n'a pas voulu en préciser le montant.

Le total des engagements nets, incluant les pénalités dues à Dassault Aviation, atteignaient 42 millions d'euros au 31 décembre 2016.

Le programme a déjà entraîné, dans les comptes de 2015, une dépréciation de 627 millions d'euros d'actifs incorporels liés au Silvecrest.

Textron, maison mère de Cessna, qui a lui aussi sélectionné le Silvercrest en novembre 2016 pour son programme Citation Hemisphere, a confirmé conserver sa confiance à Safran malgré les problèmes du 5X.

"Comme nous le comprenons actuellement, la dernière évolution du Silvercrest n'impacte pas de manière significative les livraisons de moteurs pour le programme Hemisphere", a dit une porte-parole du groupe américain.

"Nous continuerons à suivre de très près leur évolution et la manière dont cela pourrait affecter le calendrier de développement de l'Hemisphere".

(Avec Pascale Denis et Tim Hepher, édité par Dominique Rodriguez et Benoît Van Overstraeten)

par Cyril Altmeyer