Paris (awp/afp) - Les marchés se sont un peu repris lundi, dans l'espoir de voir l'Europe se diriger vers un possible pic du coronavirus.

La vague de soulagement était partie d'Asie ce matin avant de gagner le reste des indices mondiaux.

En Europe, le rebond a été de 5,77% à Francfort, de 4,61% à Paris et de 3,08% à Londres. Milan a fini en hausse de 4% et Madrid de 3,99%. A Zurich, le SMI a gagné 2,38%.

Vers 18H10 GMT à Wall Street, les indices Dow Jones, S&P 500 et le Nasdaq prenaient plus de 5%.

Le sursaut de ce début de semaine s'explique par "l'optimisme grandissant vis-à-vis des chiffres de la mortalité liée au Covid-19 qui commencent à atteindre un niveau plateau en Europe" après que l'Espagne, l'Italie et la France ont rapporté une baisse des décès dans leurs pays respectifs, commente Michael Hewson, chez CMC Markets.

En outre, les investisseurs ont également pris connaissance d'"une série de nouvelles mesures annoncées par le Japon, Singapour et l'Espagne pour amortir les effets économiques du virus, tandis qu'aux Etats-Unis, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a évoqué la perspective d'un autre plan dans le courant du mois pour stimuler l'économie américaine", indique l'analyste.

"Les marchés regardent la porte de sortie" du coronavirus, "soulagés par les chiffres positifs en Europe", où le nombre de décès et de contaminations semblait marquer le pas, observe Régis Aubert, gérant actions à Financière Arbevel.

Autres signes de détente, l'Autriche a présenté un plan d'assouplissement des restrictions en vigueur contre l'épidémie de coronavirus, tandis que la Norvège a estimé pour sa part que l'épidémie était "sous contrôle" sur son sol.

L'Iran assiste également à "une lente et progressive" baisse des cas de contamination, selon les chiffres officiels publiés lundi.

Dans ce contexte, "certains investisseurs veulent reprendre du risque, voulant entendre que la vie reprendra un tour un peu normal dans un horizon raisonnable", souligne l'expert.

Répit temporaire ?

Mais le virage à l'optimisme pourrait déraper prochainement en cas de dégradation des nouvelles données sanitaires.

Les Etats-Unis, où le bilan approche 10.000 morts, vivent une période de stress. L'administrateur fédéral des services de santé publique a prévenu que cette semaine pourrait être "un moment comme Pearl Harbor, comme le 11-Septembre, sauf que ce ne sera pas localisé."

En Italie, le semblant de répit aura été de courte durée, puisque le bilan des morts est reparti lundi à la hausse, avec 636 décès supplémentaires en 24 heures, après deux journées consécutives de baisse.

Côté pétrole, une réunion des ministres de l'Energie du G20 va se tenir prochainement afin de tenter de trouver une solution à la chute des cours du pétrole liée à l'épidémie de coronavirus, a indiqué lundi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Le marché de la dette bougeait peu, fidèle à son attitude des derniers jours, confiant dans le soutien des banques centrales.

Le dollar perdait du terrain face à la majorité des autres devises, offrant un autre signe de regain d'optimisme.

Choc moindre qu'en 2008

Avec plus de 70.000 morts dans le monde et une perte d'activité économique sans précédent, la pression reste très forte.

Mais, selon Isabelle Mateos y Lago, directrice adjointe de l'équipe en charge des institutions souveraines chez BlackRock, "il faut garder à l'esprit que c'est un choc qui devrait être de courte durée par rapport à une récession classique".

"Pour la crise de 2008, développe-t-elle, il a fallu plusieurs années pour corriger les excès, ce qui a représenté un manque à gagner de l'ordre de 50% du PIB mondial de 2007".

"Si les confinements peuvent être levés après un trimestre, l'impact s'annonce de l'ordre de 10 à 15% du PIB de 2019, soit un choc quatre à cinq fois moindre que celui de 2008", analyse la spécialiste.

Cet impact temporaire et globalement moins important, auquel s'ajoutent "le fait que la réponse politique et monétaire soit extrêmement ambitieuse", ainsi que "les mesures techniques déployées par les banques centrales pour assurer un retour à la normale" notamment en terme de liquidités, "ont aidé les marchés à trouver un plancher pour se stabiliser", selon elle.

Désormais la question clé, anticipe-t-elle, est de savoir "combien de temps va durer la phase de stabilisation avant d'avoir une décrue de l'épidémie - en Chine il a fallu trois semaines" - et "comment va s'opérer la sortie de confinement".

afp/rp