L'action regagnait 3,67% à 13h43 GMT à la Bourse de Francfort au lendemain d'une chute de plus de 7% qui l'a fait tomber à un plus bas historique de clôture. L'ensemble du secteur bancaire européen (+2,44%) brille néanmoins ce vendredi avec la formation d'un gouvernement en Italie écartant le risque de nouvelles élections.

Nommé début avril, le nouveau président du directoire, Christian Sewing, entend effectuer un virage stratégique en réduisant la voilure dans la banque d'investissement pour mettre à nouveau l'accent sur des activités plus traditionnelles de financement des entreprises.

Ce plan, destiné à renouer avec la rentabilité après trois pertes annuelles consécutives, comporte aussi un volet géographique avec un recentrage sur l'Allemagne et l'Europe.

Une source proche de la Banque centrale européenne, autorité de tutelle de Deutsche Bank, et le chinois HNA, premier actionnaire de l'établissement, ont assuré vendredi soutenir ce plan.

Ces marques de soutien sont intervenues après la dégradation de la note de Deutsche Bank par S&P et au lendemain de la publication d'un article du Wall Street Journal qui a suscité l'inquiétude des investisseurs. D'après le quotidien financier américain, la Réserve fédérale a abaissé l'an dernier le statut des activités de Deutsche Bank aux Etats-Unis, les jugeant désormais "en difficulté".

"Au niveau du groupe, notre solidité financière ne fait aucun doute", assure cependant Christian Sewing dans une lettre adressée au personnel, tout en admettant que l'actualité récente autour de la banque n'était "pas bonne".

LES NIVEAUX DE RISQUES RAREMENT AUSSI BAS, DIT SEWING

Pour S&P, il existe néanmoins "des risques d'exécution importants dans la réalisation de la nouvelle stratégie dans un contexte de marché toujours défavorable".

"Nous pensons que, par rapport à ses pairs, Deutsche Bank restera une exception négative pendant un certain temps", ajoute l'agence de notation.

Une note BBB+, juste au-dessus de la catégorie spéculative, est inférieure de deux à trois échelons à celles de la plupart des autres grandes banques européennes; la suisse UBS est ainsi notée A+ par S&P avec une perspective stable et la française BNP Paribas A avec une perspective également stable.

Une bonne note de crédit est essentielle pour une banque pour attirer des clients, au-delà même des conséquences sur ses propres coûts de financement.

Christian Sewing assure dans sa lettre que Deutsche Bank présente des niveaux de risque qui ont été rarement aussi bas, que les rumeurs sur son exposition aux incertitudes politiques en Italie sont infondées et que le plan de financement pour cette année est bien avancé.

Deutsche Bank est en outre bien positionnée pour réagir à tout mouvement excessif sur le marché obligataire, ajoute-t-il, en soulignant que les récentes initiatives de la Fed à son égard sont essentiellement destinées à corriger des faiblesses dans le contrôle interne et l'organisation de l'établissement.

"Nous avons accompli des progrès pour y remédier au cours de l'année écoulée", écrit Christian Sewing. "Nous ne sommes pas encore là où nous souhaiterions être mais nous nous en rapprochons constamment."

Après les informations parues dans la presse américaine, les autorités du secteur bancaire européen ont pris l'initiative rare de s'exprimer publiquement sur un cas particulier, pour souligner que Deutsche Bank avait réalisé de "bons progrès" dans ses efforts pour répondre aux inquiétudes des régulateurs.

"La banque a désormais une équipe de direction resserrée, de bons niveaux de fonds propres et de liquidités et les autorités de supervision sont rassurées par les plans qu'elles constatent" a dit une source proche de la BCE.

Le groupe chinois HNA, qui détient 8% du capital de Deutsche Bank, a apporté son soutien à la direction de la banque et à sa stratégie.

"HNA reste attaché au succès à long terme de Deutsche Bank et a hâte de continuer à travailler avec l'équipe dirigeante à l'appui de cet objectif", a déclaré un porte-parole de HNA.

Un porte-parole du gouvernement allemand a refusé vendredi de répondre à des questions sur Deutsche Bank.

(Avec Andreas Framke et Abhinav Ramnarayan; Claude Chendjou et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Douglas Busvine et Edward Taylor

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Deutsche Bank, UBS Group