La création d'un champion bancaire allemand issu de la fusion de Deutsche Bank et Commerzbank ne verra pas le jour. Six semaines après l'officialisation des discussions en vue d'une telle opération, les deux banques ont décidé de les interrompre. En Bourse, l'action Commerzbank (-2,79% à 7,58 euros) a confirmé sa baisse tandis que celle de Deutsche Bank (-0,94% à 7,52 euros) a basculé dans le rouge après une réaction initiale positive.

Cette décision ne constitue pas une surprise, certains actionnaires, le monde politique et les syndicats avaient part de leur opposition. L'inquiétude était en particulier grande à propos des destructions d'emplois, qui auraient pu atteindre 30 000 postes.

"Après une analyse approfondie, nous avons conclu que cette transaction n'aurait pas créé suffisamment d'avantages pour compenser les risques d'exécution, les coûts de restructuration et les besoins en capitaux associés à une intégration de cette envergure ", a expliqué le Directeur général de Deutsche Bank, Christian Sewing. Des rumeurs de presse avaient évoqué une augmentation de capital de 10 milliards d'euros pour Deutsche Bank afin de renforcer ses fonds propres.

Retour à la case pour la première banque allemande, pour qui reste posée la question d'un redressement durable. Elle est critiquée par les analystes pour ses coûts trop élevés et une activité de banque de financement et d'investissement trop importante et perdant des parts de marché face à ses concurrentes américaines.

La pression va donc s'accentuer sur Christian Sewing pour qu'il lance une restructuration plus radicale. Il s'est contenté d'indiquer aujourd'hui qu'il " continuera d'examiner toutes les alternative afin d'améliorer la rentabilité à long terme ".

En attendant, la performance de Deutsche Bank au premier trimestre s'annonce moins mauvaises que prévu. Selon des données préliminaires, le résultat net atteindrait environ 200 millions d'euros, à comparer avec un consensus Reuters de 29 millions d'euros et 120 millions d'euros, un an plus tôt. Les revenus devraient s'élever à 6,4 milliards d'euros, dont 3,3 milliards d'euros pour la Banque de financement et d'investissement, contre respectivement 6,98 milliards d'euros et 3,85 milliards d'euros au premier trimestre 2018. Mais prudence car souvent dans le secteur bancaire,  " le diable est dans les détails ".

Quant à Commerzbank, le scénario d'un rapprochement avec Unicredit, évoqué en début du mois par le Financial Times, pourrait refaire parler de lui.


Valeurs citées dans l'article : Deutsche Bank AG, Commerzbank AG