Francfort (awp/afp) - Le géant bancaire allemand Deutsche Bank a annoncé jeudi, pour la cinquième année de suite, une lourde perte nette de 5,72 milliards d'euros (6,1 milliards de francs suisses) en 2019, qui a été marquée par l'annonce en juillet d'un vaste plan de restructuration.

Ce résultat est pire que les attentes des analystes sondés par Factset, qui tablaient sur une moins-value de 5,3 milliards d'euros. Sur le quatrième trimestre, le groupe affiche une perte de 1,6 milliard d'euros liée à des "dépenses de restructuration et des indemnités de départ", précise un communiqué.

Les recettes globales, à 23,2 milliards d'euros, sont en recul de 8%, et la perte annuelle imposable, à 2,6 milliards d'euros, comprend 3,0 milliards d'euros de charges exceptionnelles. S'ajoute une charge fiscale de 2,8 milliards d'euros du fait de l'abandon de créances d'impôts.

"Notre stratégie fonctionne", a néanmoins souligné Christian Sewing, le président de la banque, dans un communiqué.

Avec 70% des charges liées au plan de restructuration déjà comptabilisées en 2019, la banque s'attend à un retour de fortune progressif, en visant toujours une rentabilité nette de 8% en 2022.

Dans la banque d'investissement, jadis navire amiral de la banque avant d'être rattrapée par de nombreux scandales, les recettes annuelles ont reculé en 2019 de 7% sur un an, à 6,96 milliards d'euros, bien qu'elles ont grimpé de 13% au dernier trimestre, tirées par le négoce des produits de taux et de devises.

Le bénéfice opérationnel a lui atteint 433 millions d'euros sur l'année, en recul d'environ 50%, avec notamment un dernier trimestre en perte.

Cette division est la plus visée par le plan sans précédent annoncé en juillet, portant sur un cinquième des effectifs globaux (soit 18.000 départs) pour porter leur nombre à 74.000 d'ici 2022.

A la fin décembre, la banque employait près de 87.600 personnes, soit une baisse de plus de 4.100 au cours de 2019.

Les autres secteurs de la banque réputés stables ont connu des fortunes diverses : la banque de détails, incluant la filiale Postbank, affiche une perte annuelle sur fond de recettes en baisse de 5%. La banque des entreprises voit elle son bénéfice chuter de près de 90% tandis que la gestion d'actifs parvient à l'améliorer de près d'un tiers.

Le tout ne pèse pas lourd à côté de la perte abyssale de 3,2 milliards d'euros affichée par la "bad bank" interne, où 10 milliards d'euros d'actifs non stratégiques ont été liquidés à perte. Cette unité de défaisance doit encore se débarrasser de 46 milliards d'euros d'actifs à son bilan.

La perte globale enregistrée en 2019 est de fait la seconde pire de l'histoire après celle de 2015, à 6,8 milliards d'euros, à la suite de sentences judiciaires records sanctionnant ses excès dans la banque d'investissement.

afp/al