* Le conseil de surveillance a approuvé ce plan dimanche

* Deutsche Bank va quitter les marchés actions et réduire la banque d'investissement

* Elle s'attend à une perte nette de €2,8 mds au T2 (Actualisé avec déclaration de Sewing sur le résultat annuel)

par Tom Sims et Hans Seidenstuecker

FRANCFORT, 7 juillet (Reuters) - Deutsche Bank va supprimer 18.000 emplois dans le cadre d'une vaste restructuration qui lui coûtera 7,4 milliards d'euros mais doit lui permettre de redresser enfin la tête après des années de difficultés.

La première banque allemande a annoncé dimanche qu'elle allait renoncer à son activité sur les marchés actions et réduire ses opérations dans la banque d'investissement pour se concentrer sur ce qu'elle considère être ses points forts, comme le financement de sa clientèle professionnelle, le marché des changes ou encore la banque privée.

Elle s'attend à subir une perte nette de 2,8 milliards d'euros au deuxième trimestre 2019 en raison des charges de restructuration liées à ce plan. Christian Sewing, le président du directoire, a par la suite déclaré à la radiotélévision Hessische Rundfunk que la banque serait en perte sur l'ensemble de l'année.

Deutsche Bank va aussi réduire ses activités sur le marché obligataire, en particulier dans les activités de taux, qui sont pourtant traditionnellement perçues comme l'une de ses forces.

Elle va créer une structure de défaisance pour les 74 milliards d'euros d'actifs pondérés des risques dont elle souhaite se séparer dans le cadre de cette réorganisation.

Une restructuration de grande ampleur était attendue depuis que Christian Sewing avait promis en mai aux actionnaires des "réductions drastiques" dans la banque d'investissement, une activité qui a longtemps fait figure de priorité stratégique pour Deutsche Bank mais qui est devenue un fardeau à la suite de la crise financière de 2007-2009.

Le conseil de surveillance du groupe s'est réuni dimanche pour avaliser ce plan, décidé après l'échec au printemps d'un projet de fusion avec Commerzbank, la deuxième banque d'Allemagne.

SEWING PARLE DE "NOUVEAU DÉPART"

Christian Sewing l'a qualifié de "transformation la plus fondamentale" de Deutsche Bank depuis des décennies. "C'est un nouveau départ", a-t-il dit.

En réduisant ses activités dans la banque d'investissement, l'établissement prend acte de son échec à concurrencer les grandes banques de Wall Street sur ce terrain, après avoir subi trois pertes annuelles sur les quatre derniers exercices.

La mise en oeuvre de ce plan ne nécessitera pas d'augmentation de capital, a souligné Deutsche Bank, dont l'action est tombée à un plus bas historique début juin.

Avec les suppressions de postes envisagées, les plus importantes dans le secteur bancaire depuis l'annonce des 30.000 emplois supprimés par HSBC en 2011, Deutsche Bank compte ramener ses effectifs à 74.000 personnes d'ici 2022.

Elle n'a pas précisé où elle allait supprimer des emplois mais ses activités sur les marchés actions sont essentiellement réalisées à New York et à Londres.

Une personne ayant une connaissance directe du dossier a déclaré que ces réductions d'effectifs seraient réparties à travers le monde et que l'Allemagne ne serait pas épargnée.

Deutsche Bank veut réaliser pour 17 milliards d'euros d'économies d'ici 2022, année à laquelle elle veut avoir ramené son coefficient d'exploitation à 70%.

Deutsche Bank a conclu un accord préliminaire avec BNP Paribas pour assurer une continuité de service auprès de ses clients sur les marchés actions.

Stephan Szukalski, représentant du syndicat DBV et membre du conseil de surveillance de la banque, a déclaré à Reuters que ce plan allait dans la bonne direction. "Cela pourrait être un véritable nouveau départ pour Deutsche Bank", a-t-il dit. (Avec Rachel Armstrong à Londres et Kathrin Jones à Francfort Bertrand Boucey pour le service français, édité par Nicolas Delame)

Valeurs citées dans l'article : BNP Paribas, Commerzbank AG, Deutsche Bank AG, HSBC Holdings Plc