Francfort (awp/afp) - Deutsche Bank a essuyé en 2019 une cinquième perte annuelle consécutive, mais son patron s'est dit jeudi "très optimiste" pour 2020 et les années suivantes, convaincu que la "transformation radicale" du géant allemand va payer.

"Nous avons publié une perte importante", de 5,72 milliards d'euros (6,12 milliards de francs suisses), "mais je me sens satisfait et positif", a écrit Christian Sewing aux quelque 88'000 salariés du groupe, plongé depuis juillet dernier dans un recentrage vers ses activités les plus stables.

L'an dernier, Deutsche Bank a passé dans ses comptes plus de 5 milliards d'euros de charges exceptionnelles, soit 70% du coût attendu de sa réorganisation d'ici 2022. S'y est ajoutée une perte abyssale de 3,2 milliards d'euros liée à la liquidation d'actifs non stratégiques.

Enfin, l'année a été lestée par une charge fiscale de 2,8 milliards d'euros et par les indemnités de départ de 4200 salariés, alors que 18'000 personnes doivent au total quitter le groupe d'ici 2022.

Décidé en juillet dernier, le plan de restructuration vise à recentrer la banque sur ses racines européennes, au prix de coupes importantes dans la banque d'investissement, jadis son navire amiral. Deutsche Bank veut réduire à terme ses coûts de 6 milliards d'euros et retrouver la rentabilité.

Capitaux solides

Dans ce contexte agité et malgré les taux d'intérêt au plus bas, la banque a néanmoins amélioré le résultat imposable tout comme les recettes dans son "coeur de métier", soit la banque de détail et des entreprises et la gestion d'actifs, a souligné M. Sewing.

Les recettes globales ont elles reculé de 8% sur un an, à 23,2 milliards d'euros, et le groupe a publié une perte avant impôts de 2,6 milliards d'euros.

Le bilan est lui resté solide, avec un ratio de fonds propres prudentiels remonté à 13,6%, grâce à la diminution des actifs à risque. Supérieur "à la plupart de nos concurrents européens et américains", ce ratio utilisé par les superviseurs bancaires constitue "une excellente base pour développer nos activités et devenir profitable de manière durable", a assuré M.Sewing.

La banque a confirmé son objectif 2020, soit un résultat avant impôt "au-dessus du point mort", selon le directeur financier James von Moltke, et un redressement des recettes.

A moyen terme, la banque au logo bleu vise toujours une rentabilité nette sur fonds propres de 8% d'ici 2022, un indicateur clé dans le secteur bancaire, contre -11% en 2019.

Deuxième plus lourde perte

Cette piètre performance a du reste poussé le directoire à diviser par deux son intéressement annuel pour le ramener à quelque 13 millions d'euros.

Les salariés, moins nombreux, se partageront, eux, un volume de primes "inférieur" à celui d'1,9 milliard d'euros accordés l'an dernier, a affirmé M. Sewing, sans être plus précis.

La perte globale enregistrée en 2019 est la seconde plus lourde de l'histoire après celle de 2015, à 6,8 milliards d'euros, à la suite de sentences judiciaires records pour sanctionner des excès passés dans la banque d'investissement.

Le risque judiciaire est aujourd'hui moins prégnant, même s'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact d'affaires en cours dont le vaste blanchiment de fonds chez Danske Bank, dont Deutsche Bank a été pendant huit ans la correspondante.

L'établissement avait finalement dégagé une légère perte de 52 millions d'euros en 2018 après avoir corrigé son bénéfice initial, qui s'élevait à 267 millions d'euros, en raison d'un versement de coupon pour des obligations subordonnées reclassées dans ses fonds propres.

A la Bourse de Francfort, les investisseurs semblaient croire au discours optimiste de la banque, propulsant son titre vers 12H00 GMT en tête de Dax (-1,19%), avec un bond de 3,10% à 8,22 euros.

afp/buc