Même s'il n'en représente qu'une partie, le transport de fret, c'est à dire l'acheminement de marchandises d'un point à un autre pour le compte d'importateurs ou d'exportateurs, est souvent considéré comme un reflet fiable des échanges commerciaux dans leur ensemble.

A la fin de l'an dernier, les importations de vêtements, de pièces détachées automobiles, de produits chimiques ou encore de meubles aux Etats-Unis avaient fortement augmenté, les acheteurs cherchant ainsi à éviter l'impact du relèvement des droits de douane sur les produits chinois prévue par l'administration Trump.

En février, au contraire, les importations américaines ont chuté de 4,5%, leur première baisse en deux ans, selon Panjiva, filiale spécialisée de S&P Global Market Intelligence.

L'ensemble des volumes traités par les sociétés de transport de fret a diminué de 4,4% en février selon les données de Panjiva, publiées en premier par Reuters.

Les clients, confrontés à l'augmentation de leurs stocks mais aussi au report du relèvement des droits de douane dont Washington avait menacé Pékin, ont ralenti leurs achats, un mouvement qui s'est ajouté à l'impact du nouvel an chinois.

RECUL PONCTUEL OU RALENTISSEMENT DURABLE ?

Le groupe suisse Kuehne und Nagel, numéro un du marché du transport de fret transocéanique, a fait état d'une baisse de 9,3% des volumes à l'importation aux Etats-Unis en février; chez l'allemand DHL, filiale de Deutsche Post, la baisse a été de 8,6%.

Les volumes traités par UPS ont chuté de 16,3% et ceux de FedEx de 14,6%.

Les entreprises citées ont refusé de commenter les données de Panjiva.

Dans leur ensemble, les importations américaines depuis la Chine ont baissé de 9,9% en février.

Pour certains connaisseurs du marché, cette chute est la conséquence inévitable des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

"Je ne vois pour l'instant rien d'alarmant dans ces baisses", dit ainsi David Ross, analyste de Stifel, qui attend les chiffres de mars.

Mais Chris Rogers, analyste de Panjiva, estime que ces données traduisent un ralentissement généralisé et de plus en plus marqué du commerce mondial, qui touche selon lui aussi l'Europe, la Corée du Sud et le Japon.

La baisse de 4,6% des importations européennes en février pourrait ainsi être le reflet d'un "ralentissement de la tendance de la consommation à laquelle beaucoup s'attendent", dit-il.

L'Organisation mondiale du commerce a annoncé mardi avoir revu à la baisse sa prévision de croissance du commerce mondial cette année, à 2,6% contre 3,7% attendu initialement.

(Lisa Baertlein et Matthias Inverardi; Marc Angrand pour le service français)