Le groupe, qui poursuit son recentrage sur un segment haut de gamme qui croit deux fois plus vite que l'ensemble du marché des spiritueux, a bouclé son exercice 2018-2019 sur un résultat opérationnel courant en croissance organique de 14,2%, à 263,6 millions d'euros, dépassant les 260,2 millions attendus par les analystes et la croissance organique prévue de 13,4%.

Sa marge opérationnelle a progressé de 1,3 point à 21,7%.

"L'environnement est très imprévisible, tant du point de vue économique que géopolitique, mais nous estimons être en bonne voie pour devenir le leader mondial des spiritueux d'exception", a déclaré jeudi Valérie Chapoulaud-Floquet, directrice générale du groupe, lors d'une conférence avec les analystes.

La performance du groupe s'explique principalement par le succès de Rémy Martin, son principal centre de profits, dont le résultat opérationnel courant a grimpé de 17,9% et la marge de 1,4 point à 27,7% après des ventes record.

Forte de son attractivité, la marque a passé d'"importantes" hausses de prix et a profité d'un "mix" (proportion de bouteilles vendues plus cher) très favorable. L'effet "mix-prix" a ainsi atteint 6%, un montant équivalent à la progression des volumes vendus.

Rémy Martin, qui doit piloter ses stocks d'eaux-de-vie estime que ses ventes de cognac peuvent progresser en moyenne annuelle de 8% à 10% sur le long terme, avec une hausse plus modérée des volumes.

"Nous pouvons faire encore mieux dans les années qui viennent pour réduire l'écart de rentabilité avec le secteur du luxe", a précisé la directrice générale, indiquant que les dépenses publicitaires et marketing allaient se poursuivre.

INVESTISSEMENTS

Le groupe, également propriétaire de la liqueur Cointreau, du rhum Metaxa ou du gin The Botanist, va également doubler le montant de ses investissements à environ 80 ou 90 millions d'euros par an dans les deux années qui viennent, afin d'accroître ses capacités de production.

Il s'apprête d'ailleurs à acquérir la maison de cognac indépendante JR Brillet et une partie de son domaine viticole, à l'heure où la sécurisation des approvisionnements en raisins de qualité constitue un enjeu stratégique majeur.

La dirigeante a précisé que Rémy Martin n'était pas impacté par les récentes fermetures de karaokés "à hôtesses" en Chine, la marque s'étant depuis quelques années repositionnée sur les karaoké dits "familiaux" et sur des canaux de distribution plus directs, comme le e-commerce.

Elle a également indiqué que le groupe avait constitué des stocks aux Etats-Unis, dans l'éventualité d'un relèvement des droits de douane, et qu'il protégerait ses marges en augmentant ses prix en cas de hausse de ces tarifs.

En Bourse, le titre Rémy Cointreau cède -1,55% à 120,5 euros à 13h45, après avoir grimpé de 23% depuis le début de l'année, certains analystes, comme ceux de Credit Suisse, regrettant l'absence de prévision pour l'année en cours.

La perspective d'un premier trimestre 2019-2020 annoncé comme "moins dynamique" en raison du calendrier des hausses de prix pèse également sur le cours.

A 32,6 fois les bénéfices estimés pour 2020-2021, ses multiples de valorisation sont plus proches de ceux du luxe que des vins et spiritueux (24,4 fois pour Diageo, leader mondial du secteur, ou 22,6 fois pour Pernod Ricard).

Le résultat net hors exceptionnels atteint un record de 167,8 millions à l'issue de l'exercice clos le 31 mars, en croissance organique de 16,3% et un dividende exceptionnel de 1,0 euro sera proposé, outre un dividende stable de 1,65 euro.

Le groupe a averti que la fin de ses contrats de distribution en République Tchèque, en Slovaquie et aux Etats-Unis aurait un impact négatif de 56 millions sur son chiffre d'affaires 2019-2020 et de 5,0 millions sur son résultat opérationnel courant.

Avec son recentrage sur le luxe entamé en 2015, Rémy Cointreau entend porter à plus de 60% la part de ses ventes réalisée avec des bouteilles à plus de 50 dollars, contre 54% aujourd'hui.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis