Les ventes du propriétaire du cognac Rémy Martin, de la liqueur Cointreau ou du rhum Mount Gay ont accusé une baisse de 3,0% à périmètre et taux de change constants au premier trimestre de son exercice décalé clos le 31 mars 2019.

Le groupe a été pénalisé par d'importantes hausses de prix passées en avril, qui ont incité les distributeurs à gonfler leurs stocks avant cette échéance.

Il a aussi pâti de la fin de contrats de distribution en République Tchèque, en Slovaquie et aux Etats-Unis ainsi que d'un changement de distributeurs en Italie, en Espagne et en Allemagne, plus en phase avec son positionnement haut de gamme.

Rémy Cointreau, qui avait averti en avril que ces éléments allaient peser sur sa croissance au premier trimestre, a affiché sa confiance quant à un retour à une forte dynamique de croissance dès le deuxième trimestre.

Il a confirmé s'attendre à ce que ces facteurs techniques amputent son chiffre d'affaires annuel de 56 millions d'euros et son résultat opérationnel courant de 5,0 millions.

"Nous sommes un petit bateau, dont la volatilité est accrue par notre stratégie (de hausses de prix et de positionnement haut de gamme), il faut le savoir", a déclaré aux analystes le directeur financier du groupe, Luca Marotta, mettant en garde contre l'extrapolation des chiffres du premier trimestre.

Il s'est dit "absolument calme" concernant la solidité sous-jacente des ventes et l'accélération de la croissance en "grande" Chine, confirmant tabler sur une hausse à deux chiffres dans cette région sur l'ensemble de l'exercice.

L'accélération se fera sentir dès le deuxième trimestre, a-t-il ajouté.

HAUSSES DE PRIX DE 7%-10% SUR LOUIS XIII

Ces précisions, jugées rassurantes par les analystes, ont permis au titre Rémy Cointreau d'effacer ses pertes en Bourse.

Après un recul de 1,6% en ouverture, il prenait 0,3% à 12h10 à 129,10 euros, alors que l'indice SBF120 cédait 0,55%.

Les ventes du cognac Rémy Martin, principal centre de profit du groupe, ont vu leur progression limitée à 5,5% entre avril et juin, après une hausse de 8% trois mois auparavant et de 12% sur l'ensemble de l'exercice précédent.

Si les ventes en Chine continentale sont restées robustes, elles ont pâti à Hong Kong de la vague de protestations antigouvernementales qui secoue la ville depuis le début juin.

Rémy Martin, qui doit piloter le vieillissement de ses stocks d'eaux-de-vie, a passé d'importantes hausses de prix en avril face à une demande, notamment chinoise, qui ne faiblit pas.

Les hausses ont atteint entre 3% à 6% selon les catégories et jusqu'à 7%-10% pour Louis XIII, cognac ultra haut de gamme vendu à près de 3.000 euros la bouteille.

Les ventes des liqueurs et spiritueux ont quant à elles reculé de 2,6%, pénalisées par un changement de distributeurs en Europe, tandis que celles des marques "partenaires" ont chuté de 66,6% avec la fin de plusieurs contrats de distribution, concernant notamment la liqueur Jagermeister.

Le groupe a annoncé début juillet, à la surprise générale, le départ pour motifs personnels de sa directrice générale Valérie Chapoulaud-Floquet, à l'origine d'un repositionnement réussi sur les spiritueux haut de gamme.

Au total, les ventes ont atteint 223,2 millions d'euros entre avril et juin 2019, un chiffre légèrement inférieur aux 225,1 millions attendus par les analystes.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis