(Actualisé avec nouvelles citations)

BERLIN, 17 mai (Reuters) - Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la politique de la concurrence, s'inquiète des "énormes écarts" entre les aides publiques distribuées par les Etats membres pour faire face à la crise du coronavirus, ajoutant que ces écarts commencent déjà à fausser le marché unique.

L'Allemagne pèse pour plus de la moitié des aides publiques d'urgence approuvées jusqu'ici par la Commission européenne, qui redoute que les Etats moins bien lotis financièrement se retrouvent désavantagés.

Dans un entretien accordé à plusieurs journaux européens dont le Süddeutsche Zeitung et le Figaro, Margrethe Vestager explique que le risque est que les écarts de niveau entre les aides publiques faussent la libre concurrence entre Etats membres et ralentissent la reprise économique du bloc.

"Dans la situation actuelle, où les besoins sont colossaux, il y a un écart énorme entre les États sur les aides publiques aux entreprises. Elles sont nécessaires pour permettre à l’économie européenne de se remettre de la crise actuelle", explique la commissaire européenne.

"Mais il nous faut aussi un plan de relance qui pourra corriger la fragmentation du marché intérieur liée aux aides d’État. À défaut, les économies des États membres ne repartiront pas au même rythme et risquent de connaître une reprise beaucoup plus lente. Dans une certaine mesure, ce risque se matérialise déjà", ajoute-t-elle.

La Commission européenne a adopté le 19 mars un cadre temporaire permettant aux Vingt-Sept de mettre en place des aides d'Etat et d'autres mesures de soutien, interdites en temps normal par les règles européennes.

Ce "cadre temporaire pourra être prolongé au-delà de sa clause d’extinction fixée au 31 décembre 2020. Nous évaluerons la situation à l’automne", précise Margrethe Vestager.

Plus de 1.900 milliards d'euros d'aides et mesures de soutien ont été approuvés à cette date par la Commission.

Interrogée sur le montant du plan de relance que la Commission doit présenter le 27 mai prochain, Margrethe Vestager refuse de dévoiler le moindre chiffre. "Je n’en ai pas à vous donner. Les décisions ne sont pas prises", répond-elle.

"Je ne peux pas faire de pronostics sur la manière dont les États membres accueilleront notre proposition", dit-elle, ajoutant cependant qu'elle ne serait pas surprise que ce plan suscite des réactions contrastées parmi les Vingt-Sept. (Michael Nienaber, édité par Jean-Stéphane Brosse)