Le chimiste DowDupont, créé par la fusion de Dow Chemical et de DuPont en 2017, disparaîtra pour laisser la place aux sociétés Dow, objet de la première scission prévue pour le 1er avril, DuPont et Corteva Agriscience.

Le conglomérat industriel United Technologies doit lui aussi éclater en trois sociétés distinctes, peut-être dans le délai d'un an.

Même si d'autres indices sont privilégiés par nombre d'investisseurs, faire partie du Dow Jones revêt l'entreprise concernée d'un prestige certain parce qu'elles sont très peu nombreuses à l'intégrer.

En outre, des fonds représentant des milliards de dollars sous gestion lui sont liés et tout changement de sa composition se traduit par d'importants flux financiers.

Même si certaines entités nées des anciens conglomérats peuvent toujours demeurer dans l'indice, les superviseurs de ce dernier pourraient être tentés de lui donner du sang neuf dans ces circonstances, estiment certains experts.

"Il est certain que tout est possible", dit ainsi Todd Rosenbluth, directeur de la recherche sur les FCP et les fonds indiciels (ETF) de CFRA. "Cela pourrait donner de nouvelles entrées".

S&P Dow Jones Indices, qui publie l'indice Dow, fera une annonce avant le 1er avril, a dit le porte-parole Ray McConville.

Chaque fois que des mouvements se produisent dans les sociétés composant l'indice, a poursuivi McConville, "S&P DJI révise l'indice et procède aux modifications appropriées puis fait une annonce publique avant que l'opération se fasse".

La composition du Dow Jones a changé à peu près tous les deux ans au cours des 20 dernières années. Le dernier remaniement remonte à juin: General Electric, un vétéran de l'indice, fut alors remplacé par Walgreens Boots Alliance.

Avant cela, Dow Dupont avait pris la place de DuPont en septembre 2017, à l'issue de la fusion avec Dow Chemical, tandis qu'Apple avait succédé à AT&T en mars 2015.

L'indice regroupe 30 entreprises censées représenter fidèlement leur secteur, à l'exception des transports et des services aux collectivités ("utilities") qui font l'objet d'indices distincts.

Le choix des entrants ne se fait pas à partir de règles quantitatives, lit-on dans le livret de méthodologie de l'indice, qui explique: "une valeur est habituellement intégrée seulement si l'entreprise a une excellent réputation, si elle fait la preuve d'une croissance régulière et si elle intéresse un grand nombre d'investisseurs".

Le caractère subjectif de ces critères fait que les conjectures vont bon train sur les élus potentiels.

Certaines sociétés paraissent toutes désignées pour intégrer le Dow Jones mais les choisir en fait ne va pas de soi.

Les actions d'Amazon.com et d'Alphabet, deux des plus grosses sociétés américaines, dépassent largement les 1000 dollars pièce et c'est un problème car de telles valorisations fausseraient l'indice.

La plus forte valorisation du Dow Jones est actuellement Boeing, autour de 373 dollars, avec un écart de plus de 100 dollars sur la suivante, UnitedHealth (un peu plus de 252 dollars).

La pondération de beaucoup d'indices, tel le S&P-500, se fait en fonction de la capitalisation et non pas du cours de l'action.

Pour beaucoup d'investisseurs, l'étalon véritable de la Bourse est le S&P-500, avec son tableau de 500 valeurs, et non le Dow Jones. FCP et ETF sont investis à hauteur d'un peu plus de 23 milliards dans le Dow et de près de 4.300 milliards dans le S&P, selon des données de Lipper.

Il n'empêche que le Dow, qui a dépassé les 120 ans, reste populaire.

"La pondération par le cours qui est la structure type du Dow et le fait qu'il ne regroupe que 30 valeurs le distinguent assez bien d'autres étalons qu'on considèrera plus volontiers comme plus représentatifs du marché dans son ensemble", note Simeon Hyman, stratège de ProShares, qui gère cinq ETF pour un encours de 1,5 milliard de dollars liés au Dow.

"Mais le fait qu'il soit différent fait que certains y trouvent leur compte", ajoute-t-il.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Lewis Krauskopf