par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff

E.ON et RWE, qui détient une participation de 76,8% dans le groupe de réseaux et de production d'énergies renouvelables, ont dévoilé en mars un projet de démantèlement d'Innogy et de partage de ses actifs entre eux.

"Indépendamment du prix de l'offre, nous craignons vraiment que les suppressions d'emplois prévues par E.ON soit poursuivies unilatéralement au détriment du personnel d'Innogy", dit Uwe Tigges, le président du directoire d'Innogy.

L'opération peut se faire sans le consentement d'Innogy mais au risque de compliquer un programme qui doit être bouclé au second semestre 2019.

RWE a dit qu'il poursuivait l'affaire comme prévu, ajoutant que les actionnaires minoritaires d'Innogy acceptent l'offre ou pas n'aurait aucune incidence sur le démantèlement projeté. E.ON a déclaré qu'il examinerait les arguments d'Innogy.

Tigges et ses homologues d'E.ON et de RWE, à savoir Johannes Teyssen et Rolf Martin Schmitz, rencontreront les syndicats vendredi pour discuter de l'impact du projet sur l'emploi, des sources syndicales ayant indiqué qu'un accord de principe était envisageable.

Les syndicats exigent que jusqu'à 5.000 des suppressions de postes prévues par E.ON ne donnent pas lieu à des licenciements secs. Teyssen a dit avoir bon espoir que cela se fasse ainsi.

Suivant l'accord condlu, E.ON doit formuler une offre de 38,40 euros par action sur les 23,2% d'Innogy non détenus par RWE. L'action Innogy se traite autour de 36,35 euros.

"Le directoire et le conseil de surveillance considèrent que le prix par action Innogy proposé par E.ON est juste dans l'absolu", explique Innogy dans un communiqué.

"Toutefois, si l'échange d'activités de grande ampleur entre E.ON et RWE est pris en considération, le directoire et le conseil de surveillance ne peuvent évaluer de manière concluante si le prix de l'offre est juste pour les actionnaires minoritaires".

Innogy ajoute qu'il en dira plus le 14 mai à l'occasion de la présentation de ses comptes trimestriels.

E.ON doit reprendre les parts de RWE dans Innogy et conservera les activités réseaux et distribution de la filiale, tandis que RWE reprendra les pôles énergies renouvelables à la fois d'E.ON et d'Innogy.

En outre, RWE aura une participation de 16,67% dans E.ON, des participations minoritaires dans deux centrales nucléaires d'E.ON, le pôle stockage de gaz d'Innogy ainsi qu'une participation qu'Innogy détient dans l'énergéticien autrichien Kelag.

Pour combler un écart de valorisation, RWE versera enfin à E.ON la somme de 1,5 milliard d'euros en liquide.

(Juliette Rouillon et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff