Le groupe a annoncé jeudi son intention de se muer en deux entités cotées, l'une concentrée sur les biens d'équipement (ascenseurs, équipements automobiles et l'ingénierie industrielle) et l'autre reprenant le reste des actifs du groupe, dont les 50% dans la future coentreprise sidérurgique avec Tata et la construction navale.

Cette réorganisation, la plus importante touchant une grosse entreprise allemande depuis des décennies, est une initiative audacieuse de la part de Guido Kerkhoff, nommé en toute hâte président du directoire par intérim en juillet, alors que le conglomérat allemand était plongé en pleine crise de gouvernance.

Elle représente aussi une grande victoire pour les fonds activistes Cevian et Elliott. Ces derniers réclament depuis des années des mesures concrètes de simplification de la structure du groupe afin d'en améliorer les performances opérationnelles.

"Guido Kerkhoff a gagné beaucoup de temps avec cette annonce", a dit un investisseur sous le sceau de l'anonymat.

"(La scission) ne représente pas une stratégie. C'est un premier pas dans la bonne direction. Mais c'est bien plus que ce que les acteurs du marché espéraient", a-t-il ajouté.

En Bourse, après un bond de près de 10% jeudi à la suite de l'annonce, le titre Thyssenkrupp a cédé 1,45% vendredi.

Certains actionnaires considéraient jusqu'ici Guido Kerkhoff comme un représentant de la "vieille garde", incapable de secouer le conglomérat.

S'exprimant sur la chaîne allemande ZDF, il a déclaré que certains postes administratifs pourraient faire les frais de la scission, tout en disant ne pas en attendre des "effets majeurs" sur l'emploi au sein de Thyssenkrupp.

IG Metall s'est félicité de la scission, estimant qu'elle offrait une chance de survie à toutes les division de Thyssenkrupp et qu'elle évitaient un démantèlement total du conglomérat.

Le syndicat a cependant exigé à la fois qu'il n'y ait pas de licenciements secs du fait de la scission et qu'il puisse conserver son rôle au sein du conseil de surveillance pour rester en mesure d'exercer son droit de veto en cas de décisions majeures.

PREMIER PAS

Le conseil de surveillance doit avaliser ces projets lors d'une réunion extraordinaire dimanche, le 30 septembre, qui marque la fin de l'exercice fiscal en cours. Les actionnaires seront ensuite appelés à se prononcer au cours des 12 à 18 prochains mois.

Selon le Financial Times https://on.ft.com/2xJq5LB, Guido Kerkhoff, président du directoire par intérim, sera nommé de manière permanente dimanche à l'issue d'un vote lors du conseil.

"Une scission en tant que telle ne rend pas les activités plus rentables, ce qui pourrait devenir un problème", a déclaré Thomas Hechtfischer, directeur général du cabinet de conseil aux actionnaires DSW, qui représente habituellement 1% des droits de vote lors des assemblées générales de Thyssenkrupp.

"Et les efforts que cela nécessite sont immenses, comme nous venons de le constater avec E.ON et Uniper", a-t-il ajouté, se référant à la scission en 2016 par le premier de ses activités de production d'électricité classique et de négoce énergétique, regroupées dans le second.

Cette transaction avait enfoncé les comptes d'E.ON dans le rouge du fait des coûts de restructuration induits et de problèmes hérités du passé. Depuis, E.ON a cédé le solde de sa participation dans Uniper au finlandais Fortum.

Les analystes de HSBC ont applaudi le projet de scission, tout en disant que cela rendait peu probable, du moins dans un avenir prévisible, une fusion des très rentables activités ascenseurs de Thyssenkrupp avec le finlandais Kone.

(Matthias Inverardi, Tom Kaeckenhoff et Christoph Steitz, Benoit Van Overstraeten et Dominique Rodriguez pour le service français)