PARIS (Agefi-Dow Jones)--Edenred garde le bon ticket en Bourse. L'émetteur de services prépayés gagne 1,5% en fin de séance mardi après avoir publié ses résultats du premier semestre. Les investisseurs saluent la poursuite d'une croissance organique soutenue du chiffre d'affaires opérationnel, qui s'est établie à 14,4% de juin à janvier. Valeur de croissance par excellence, Edenred doit maintenir cette dynamique pour poursuivre son ascension boursière et s'appuiera avant tout sur des leviers internes, comme la pénétration du marché des PME, explique son PDG Bertrand Dumazy dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones. Le dirigeant estime que la réforme des retraites au Brésil, pays qui contribue le plus aux résultats d'Edenred, devrait apporter un coup de fouet salutaire à la première économie latino-américaine.

Edenred a pris 62% en Bourse en un an. Êtes-vous confiant dans son potentiel de valorisation ?

Bertrand Dumazy: "Edenred est un animal particulier : il s'agit d'une plateforme connectant 50 millions de salariés à 2 millions d'entreprises à laquelle nous intégrons constamment des technologies de paiements lorsqu'elles nous permettent de renforcer notre compétitivité. Cette particularité confère un potentiel de croissance pérenne à notre activité. Par ailleurs, les multiples auxquels s'échangent aussi bien les plateformes technologiques que les entreprises de paiement peuvent laisser penser qu'il existe encore un espace pour augmenter la valorisation boursière. Nous comptons en priorité sur le développement de notre croissance organique pour poursuivre notre essor. Au premier semestre, la croissance organique d'Edenred s'est inscrite à 14,4%".

Quels seront les relais de votre croissance organique?

BD: "Nous comptons tout d'abord améliorer notre efficience au niveau opérationnel. Nous voulons extraire le plein potentiel des leviers de croissance que nous avons identifiés au cours des trois dernières années. A l'heure actuelle, nous ne sommes qu'au milieu du gué. La pénétration du marché des petites et moyennes entreprises constitue le plus important de ces leviers. Nous allons également pousser les feux de la numérisation pour poursuivre l'innovation de nos produits et intégrer de nouveaux services, comme par exemple la gestion de la collecte de la taxe sur la valeur ajoutée pour des grandes flottes de véhicules. Nous détaillerons nos projections lors de la présentation de notre nouveau plan stratégique le 23 octobre qui définira des objectifs pluriannuels à trois ans."

Quelles ambitions nourrissez-vous dans les paiements interentreprises, la troisième activité d'Edenred

BD: "A l'heure actuelle, les paiements interentreprises sont intégrés dans notre division 'Solutions Complémentaires' que nous comptons faire progresser plus vite que les deux autres divisions, les 'Avantages aux salariés' et les 'Solutions de mobilité professionnelle'. Cela prendra du temps, car nous bâtissons des écosystèmes. Mais à moyen terme, ce métier devrait doubler sa part dans le chiffre d'affaires opérationnel, pour passer de 10% en 2018 à 20%".

La croissance externe est aussi au coeur de votre stratégie. Des acquisitions plus importantes que celle du groupe américain CSI (finalisée en 2019 pour 600 millions de dollars, ndlr) sont-t-elles envisageables ?

BD: "Cela semble peu probable dans les 'Avantages aux salariés' où nous privilégions les acquisitions ciblées et cherchons à développer nos portefeuilles de clientèles. Il est en revanche possible d'envisager des opérations aussi importantes, voire plus, que CSI dans les 'Solutions de Mobilité professionnelle' où nous comptons consolider nos positions. Il en est de même dans les paiements interentreprises où nous voulons nous renforcer aux Etats-Unis. Mais avant cela, nous souhaitons parfaitement réussir l'intégration de CSI. Par ailleurs, plus que la taille, nos cibles doivent s'inscrire dans notre cœur de métier et nous convaincre de leur potentiel de synergies dès les deux premières années".

Comment envisagez-vous l'évolution de votre activité au Brésil ?

BD: "Si l'inflation et la monnaie sont sous contrôle, le taux de chômage reste élevé à 11,8% et le nombre de personnes en emploi salarié demeure inférieur à son niveau de 2014. Il manque à l'économie un événement déclencheur et je pense que la réforme des retraites pourrait constituer ce catalyseur, car le système de retraite actuel est le principal contributeur au déficit budgétaire. Une fois cette réforme votée - ce qui pourrait survenir entre la fin août et la mi-septembre - les investissements étrangers pourraient à nouveau affluer. Mais nous ne comptons pas sur la seule conjoncture et les réformes institutionnelles pour nous développer dans le pays, que ce soit dans les avantages aux salariés ou les solutions de mobilité professionnelle. Pour preuve lorsque le pays traversait sa crise financière, la croissance du Groupe a bien résisté et, au premier semestre 2019, alors que l'environnement économique reste difficile, nous enregistrons une croissance de 12,3%".

Edenred a récemment renforcé sa présence au Royaume-Uni en rachetant The Right Fuelcard Company. Redoutez-vous désormais les conséquences d'un "Hard Brexit" ?

BD: "Le Royaume-Uni ne représente pas une part significative de notre activité. Un 'Hard Brexit' n'aurait que peu d'impact sur nos activités au Royaume-Uni puisque nous opérons uniquement localement. Néanmoins, notre centre de gestion des transactions étant basé au Royaume-Uni, nous avons paré à l'éventualité d'un 'Hard Brexit' et de la perte du passeport européen en créant une réplique à Bruxelles, qui nous permettra de continuer à opérer le cas échéant."

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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