PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de restauration collective Sodexo a tenu jeudi une journée investisseurs très attendue par les marchés où la direction du groupe a présenté son plan de bataille pour redynamiser la croissance en mettant le cap sur ses fondamentaux.

Le groupe a profité de cette occasion pour présenter de nouveaux objectifs, Sodexo visant une croissance organique de 3% d'ici à l'exercice 2019-2020 avant "un retour durable à une marge d'exploitation supérieure à 6%". Ces perspectives n'ont pas convaincu le marché: jeudi l'action Sodexo a reculé de 1,5% et abandonnait encore 2,9% ce vendredi après-midi. Si certains analystes, comme ceux de Morgan Stanley ou de Bryan Garnier, ont jugé que la direction avait fait bonne impression en établissant des priorités claires, la très grande majorité d'entre eux considèrent que la reprise de la croissance sera lente et progressive.

Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, le directeur général de Sodexo, Denis Machuel, reconnaît que son groupe doit accélérer sa dynamique et affirme qu'il compte superformer la croissance de ses concurrents dans la restauration.

Agefi-Dow Jones: Comment analysez-vous la réaction plutôt négative du marché à votre communication ?

Denis Machuel : "Je n'interprète pas le marché. Je me préoccupe avant tout de mettre en place notre plan d'action. Une performance de cours se juge sur le long terme. Or Sodexo est depuis 50 ans une 'success story'. Nous avons enregistré des déceptions récemment, notamment au premier semestre. Mais il s'agit d'un épisode dans une longue histoire de croissance. Notre plan de remise en forme doit nous permettre de retravailler sur nos fondamentaux, de mettre en place des capacités qui nous permettrons d'aborder le futur avec une croissance revigorée".

Quand comptez-vous atteindre la marge d'exploitation supérieure à 6% évoquée jeudi ?

"Idéalement en 2021, mais l'important est que nous arrivions à atteindre durablement ce niveau de marges."

Votre prévision d'une croissance interne de 3% d'ici à l'exercice 2019-2020 peut paraître prudente...

"Nous n'avons pas atteint ce chiffre depuis trois ans et nous avons confirmé jeudi une croissance interne entre 1 et 1,5% pour notre exercice 2017-2018. Il nous reste donc du chemin pour réaliser cette croissance de 3%".

Sodexo comptait auparavant sur une croissance annuelle moyenne hors effets de changes entre 4 et 7%. Pourquoi ne communiquez-vous plus de perspectives de moyen terme?

"Nous avions auparavant ces perspectives de moyen terme mais nous avons fait le constat que ces objectifs ne nous ont pas aidés car nous ne les atteignions pas. Nous préférons ainsi les perspectives communiquées jeudi. Nous avons par ailleurs choisi de communiquer désormais sur notre croissance interne, qui constitue le meilleur reflet de la puissance de nos services, de la capacité à convaincre nos clients. Mais, surtout, mon objectif primordial est de revenir à cette position de leader de croissance en surperformant la concurrence".

Quelles actions privilégiez-vous pour redynamiser la croissance dans les zones de sous-performance ?

"En Amérique du Nord, nous souffrons sur deux segments qui sont l'Education, où les taux de rétention se sont avérés insuffisants, et la Santé, avec des problèmes d'exécution et d'efficacité opérationnelle. Nous nous concentrons sur la gestion des coûts de nos denrées, sur le coût du travail et nous avons lancé un plan de focalisation sur nos clients pour redynamiser notre performance. Plus globalement, nous comptons atteindre un taux de rétention global de nos clients supérieur à 95%".

Vous avez déclaré vouloir vous recentrer sur la restauration. Comptez-vous délaisser un modèle d'offre globale ?

"Pas du tout. Nous croyons toujours à l'intégration des services dans nos contrats. Sur les dix dernières années, nous faisons le constat que nous avons réalisé une croissance moyenne annuelle à deux chiffres dans les services de Facilities Management (les services sur site, hors restauration, comme la maintenance des infrastructures ou encore le nettoyage des sites, NDLR) et de seulement 2,6% dans la restauration, lorsque nos concurrents affichaient 3 à 4%. Sur cette activité, nous devons renouer avec une croissance supérieure à celle de nos concurrents".

A l'avenir, quel type d'acquisitions prévoyez-vous de mener ?

"Nous ne ferons pas d'acquisition transformante mais nous restons actifs pour mener des acquisitions stratégiques, qui s'intègrent bien dans notre activité actuelle. Elles peuvent donner lieu à des complémentarités de savoir-faire, apporter des innovations technologiques ou encore augmenter la densité dans notre activité Services sur site, pour renforcer notre offre dans certaines géographies".

Certains analystes attendaient des précisions sur les perspectives 2018-2019. Quand les communiquerez-vous ?

"Je donnerai les perspectives pour l'exercice 2018-2019 en novembre prochain, lors des résultats de l'exercice 2017-2018."

Propos recueillis par Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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