STRASBOURG, 11 mai (Reuters) - Des associations antinucléaires ont une nouvelle fois accusé EDF, lundi, d'avoir minimisé un incident survenu fin 2014 à Fessenheim, la centrale la plus ancienne de France dont François Hollande a promis la fermeture d'ici la fin de son mandat.

EDF avait annoncé le 13 décembre dernier l'arrêt automatique du réacteur n°2 de la centrale "suite à un écart de fonctionnement au niveau de pompes de circulation en eau", fans la partie non nucléaire de l'installation.

Six jours plus tard, l'électricien informait du redémarrage de l'installation après changement d'un des capteurs de pression de ces pompes qui alimentent les générateurs de vapeur.

Sortir du nucléaire et plusieurs associations révèlent que, selon un document interne d'EDF dont Reuters a eu communication, la défectuosité du capteur a entraîné une accélération de la vitesse des turbopompes à plus de 5.200 tours minutes.

Ce phénomène a provoqué une surpression à l'origine de la détérioration de plusieurs soupapes et de leurs lignes d'admission qui ont dû être remplacées.

Les équipes de la centrale alsacienne ont dû faire appel à la "task force" nationale pour analyser la situation alors qu'un événement du même type s'était déjà produit en 2006.

"On n'est, de loin, pas dans le cas d'un petit incident", affirment les associations dans un communiqué.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait critiqué le 12 mars dernier la communication d'EDF sur un incident survenu à Fessenheim le 28 mars, et signalé le fait à la justice, ce qui avait entraîné une plainte des mêmes associations.

Affirmant avoir été informée de la totalité de l'incident, classé au niveau 0 de l'échelle Ines, soit en dessous des sept degrés de cette classification internationale, l'ASN estime n'avoir sur ce nouveau sujet aucun reproche réglementaire à faire à l'exploitant.

"L'événement n'a pas été sous-évalué", a affirmé à Reuters Vincent Blanchard, chef du pôle Sûreté nucléaire au sein de la division de Strasbourg de l'ASN.

Seule la défaillance du capteur intéressait potentiellement la sûreté nucléaire, selon lui, alors que la surpression et ses conséquences concernaient plutôt la sécurité des travailleurs, un domaine sur lequel EDF n'est pas tenu de communiquer.

André Hatz, porte-parole de l'association Stop Fessenheim, admet qu'un incident de ce type puisse arriver "sur n'importe quel système industriel" mais dénonce l'attitude des dirigeants de la centrale.

"Nous dénonçons le fait qu'EDF ait communiqué de façon mensongère et n'ait pas cru devoir alerter les élus de la Commission locale d'information et de surveillance dans le détail", dit-il, voyant là une volonté de cacher le fait que "Fessenheim pose d'énormes problèmes".

Sollicité par Reuters, EDF a dit ne pas vouloir communiquer sur un sujet mineur. (Yves Clarisse)