Paris (awp/afp) - Pour Eiffage, l'international prend une part croissante: le numéro trois français du BTP a enregistré de bons résultats 2018 soutenus par son expansion géographique et compte garder le rythme, après avoir aussi résisté à l'effet des "gilets jaunes" sur ses autoroutes.

Le groupe a fait état, dans un communiqué, d'une progression l'an dernier de son activité "portée notamment par la montée en charge des travaux du Grand Paris Express et la croissance à l'international", selon ses termes.

Eiffage, troisième acteur du secteur après Vinci et Bouygues, a enregistré en 2018 une hausse de 15% de son bénéfice net, à 629 millions d'euros, soit mieux que prévu par les analystes interrogés par le fournisseur de données Bloomberg.

Le chiffre d'affaires a progressé de 10% à 16,6 milliards, conformément aux attentes.

Désormais, le groupe "anticipe pour 2019 une nouvelle progression de son chiffre d'affaires et de ses résultats", sans donner d'objectif chiffré.

Comme Vinci, Eiffage est à la fois actif comme concessionnaire, en premier lieu d'autoroutes comme le réseau Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) ou le viaduc de Millau, et constructeur.

Sur ce dernier plan, dont il tire la majeure partie de ses revenus, mais seulement une minorité de ses bénéfices, il se montre confiant pour l'avenir avec un carnet de commandes en nette hausse.

Il tire aussi profit de son expansion internationale: alors que l'ensemble de ses revenus tirés des chantiers gagnent quelque 10% l'an dernier, ils bondissent de plus d'un tiers pour les seules activités à l'étranger pour s'y établir à plus de 4 milliards d'euros, soit un quart de l'ensemble de ses revenus.

Construction mitigée en France

C'est d'abord la conséquence d'acquisitions. Le groupe a racheté l'an dernier de multiples groupes de construction à l'étranger: le suisse Priora, le néerlandais Kropman et l'espagnol EDS, dont les revenus viennent gonfler son chiffre d'affaires.

Toutefois, même sans les prendre en compte, l'activité du groupe est en nette progression (+16%) sur ses chantiers internationaux.

Nouvelle illustration de cet état de fait, Eiffage a annoncé, parallèlement à ses résultats, avoir remporté, en partenariat avec l'italien Saipem, un contrat de plus de 350 millions d'euros avec le géant pétrolier BP pour construire les infrastructures d'un terminal gazier au large de la Mauritanie et du Sénégal.

La situation est plus mitigée en France, où le groupe bénéficie certes des projets du Grand Paris dans sa branche consacrée aux transports, mais voit son activité décliner dans celle, plus généraliste, qualifiée simplement de "construction".

Du côté des concessions, la fin d'année a été troublée par le mouvement social des "gilets jaunes", qui ont souvent visé les concessionnaires autoroutiers en paroles et en actes, avec de multiples blocages au niveau des péages.

"Dans les concessions, la progression du trafic autoroutier (...) a été affectée au quatrième trimestre par des perturbations, en France", admet Eiffage.

Reste que les effets du mouvement, plus lourds pour le viaduc de Millau que pour APRR, n'ont pas plombé les résultats d'Eiffage.

Vinci a déjà fait état début février d'effets plutôt moins marqués que prévu à l'occasion de ses chiffres annuels.

La branche concessions d'Eiffage enregistre une progression de plus de 5% de ses revenus sur l'année, en partie parce que le trafic des seuls poids lourds n'a guère pâti du mouvement mais aussi grâce à l'activité des autres types d'exploitations.

Sur ce plan, le groupe a manifesté l'an dernier son intention de se développer dans les aéroports, un secteur dans lequel Vinci est déjà très présent, évoquant notamment la possibilité de se porter candidat pour exploiter celui de Lille.

Si Eiffage a exclu de s'intéresser à la privatisation actuellement la plus en vue, celle des aéroports de Roissy et Orly via le géant ADP, il est, d'après la Dépêche du Midi, candidat à la reprise de la part du chinois Casil dans celui de Toulouse même s'il n'a pas encore évoqué publiquement le sujet.

afp/rp