PARIS (Agefi-Dow Jones)--La Cour des Comptes a appelé à la vigilance jeudi sur le nouveau modèle de réacteur nucléaire EPR, appelé EPR2, et proposé par le groupe énergétique EDF.

L'EPR2 est présenté comme un modèle de réacteur nucléaire plus simple et moins coûteux à construire. Or la Cour des comptes estime, dans son rapport publié jeudi sur la filière EPR, qu'il ne peut être établi "avec un degré raisonnable de certitude que les économies de construction de futurs EPR2 par rapport au coût de construction d'EPR de type Flamanville se matérialiseront".

"Pourtant, la seule hypothèse actuellement mise à l'étude par les pouvoirs publics en matière de nouveau nucléaire est celle de la construction de six réacteurs de type EPR2, par paires", rappellent les Sages de la rue Cambon. "En faisant ce choix, EDF s'éloigne de la démarche d'optimisation de la technologie de l'EPR appuyée sur le retour d'expérience et permettant de profiter de l'effet d'apprentissage", ajoutent-ils.

La Cour souligne que l'enjeu financier lié à ces nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 est "majeur", évaluant à 46 milliards d'euros le coût de construction de trois paires d'EPR2.

L'institution juge également qu'EDF ne peut financer seul la construction de nouveaux réacteurs et ne pourra "plus s'engager sans garanties sur le revenu que lui procurera l'exploitation de ces réacteurs". "Aucun nouveau projet ne saurait être lancé sans une forme de garantie publique, quel que soit le dispositif retenu", prévient-elle.

Dans le même rapport, la Cour critique une nouvelle fois la construction de l'EPR de Flamanville, qualifié d'"échec opérationnel aux causes multiples". Le coût de construction a été multiplié par au moins 3,3, EDF l'estimant aujourd'hui à 12,4 milliards d'euros. A ce montant "s'ajouteront des coûts complémentaires qui pourraient atteindre près de 6,7 milliards d'euros à la mise en service du réacteur", prévue mi-2023, souligne l'institution.

Dans sa réponse apportée au rapport de la Cour des comptes, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, écrit que "chacun ne peut qu'adhérer aux observations de l'institution de la Cour sur les difficultés qui ont entaché la construction des premiers EPR". "Pour autant, ces observations ne doivent pas laisser à penser que la technologie de l'EPR serait une solution sans lendemain", poursuit-Il.

Le PDG d'EDF estime qu'il serait inadéquat "de tirer des conclusions définitives sur l'intérêt de ce réacteur et de disqualifier par avance les progrès attendus des performances de l'EPR2, qui ont été engagés en liaison étroite avec l'ingénierie de Framatome pour en améliorer le design".

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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