(Actualisation: chute du titre, commentaire d'analyste et précision du PDG sur la hausse des tarifs réglementés en 2019)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le géant de l'électricité EDF chute vendredi à la Bourse de Paris après avoir annoncé une baisse de son dividende et des perspectives inférieures aux attentes des analystes pour l'année en cours.

EDF table sur un résultat brut d'exploitation (Ebitda) compris entre 15,3 milliards et 16 milliards d'euros en 2019 mais son PDG, Jean-Bernard Lévy, a souhaité vendredi qu'il se situe à "un autre endroit de la fourchette que le point bas", qui correspondrait à une stagnation par rapport à 2018.

Le groupe a bénéficié en 2018 d'éléments positifs, notamment au niveau de l'hydraulique et du trading, qu'il n'est pas sûr de voir se répéter en 2019, a-t-il précisé.

Cette prévision de résultat est basée sur une hypothèse de production d'énergie nucléaire atteignant 395 térawatts-heure (TWh) cette année, contre 393,2 TWh en 2018. Elle tient également compte de la hausse de 5,9% des tarifs réglementés de l'électricité qui devrait intervenir le 1er juin sur la base des recommandations de la Commission de régulation de l'énergie, a précisé Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence avec les analystes.

Les prévisions d'EDF pour 2019 sont "catastrophiques" même si ses bénéfices pour 2018 ont dépassé les attentes, ont commenté dans une note les analystes de RBC Capital Markets. Le consensus tablait en moyenne sur un Ebitda de 16,4 milliards pour 2019, ajoute la banque qui redoute des révisions en forte baisse des prévisions de bénéfices pour l'électricien.

Vers 12h30, l'action EDF chute de 5,1%, à 14,09 euros, signant la deuxième plus forte baisse du SBF 120.

Recul du bénéfice net et du dividende en 2018

En 2018, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'EDF s'est établi à 15,27 milliards d'euros pour 2018, en hausse de 11,1% en données publiées et de 11,3% en organique par rapport à 2017, a détaillé le groupe dans un communiqué. Ce chiffre est conforme au haut de la fourchette de 14,8 milliards et 15,3 milliards d'euros en 2018 prévue par le groupe.

Le chiffre d'affaires de l'électricien public a pour sa part augmenté de 6,3% en données publiées et de 4% en organique, à 68,98 milliards d'euros.

EDF a dégagé un résultat net courant, qui exclut notamment les éléments non récurrents, en baisse de 13,1%, à 2,45 milliards d'euros.

Le résultat net part du groupe a de son côté reculé de 62,9% par rapport à 2017, à 1,18 milliard d'euros. Ce repli s'explique par des charges financières de 4,8 milliards d'euros liées notamment à la variation de juste valeur de titres de dettes et de capitaux propres sur les actifs dédiés, a expliqué EDF. Le groupe avait également enregistré en 2017 une plus-value de cession de sa participation dans la holding propriétaire de RTE, qui avait gonflé ses bénéfices.

Selon un consensus établi par Factset, les analystes prévoyaient en moyenne un résultat net courant de 1,89 milliard d'euros en 2018, un résultat net de 2,12 milliards d'euros, un excédent brut d'exploitation de 12,2 milliards d'euros et un chiffre d'affaires de 70,23 milliards d'euros.

Le cash-flow, hors compteurs Linky, nouveaux développements et plan de cession d'actifs, a quant à lui largement dépassé l'objectif de stabilité fixé par le groupe, s'élevant à 1,13 milliard d'euros. Le groupe table sur un cash flow positif en 2019, en excluant le programme Linky et le projet Hinkley Point C au Royaume-Uni.

Compte tenu de ces résultats, EDF proposera lors de la prochaine assemblée générale un dividende en baisse, à 0,31 euro par action contre 0,46 euro par action en 2017. L'Etat français, le principal actionnaire d'EDF avec 83,66% du capital de l'énergéticien, s'est engagé à opter pour le paiement en actions du solde du dividende 2018 et ainsi que des dividendes qui seront versés au titre de 2019 et de 2020.

Le dividende proposé représente un taux de distribution de 50%.

Poursuite des essais à Flamanville

Pour la période 2019-2020, EDF vise un taux de distribution de 45% à 50% de son résultat net. Il table par ailleurs sur des investissements nets totaux d'environ 15 milliards d'euros par an, et sur des cessions atteignant 2 milliards à 3 milliards d'euros.

Sur le plan du bilan, l'électricien a réaffirmé son objectif de ratio endettement sur Ebitda inférieur ou égal à 2,5 fois sur la même période. En 2018, le ratio d'endettement est ressorti à 2,2 fois.

EDF fera un point en mai sur le calendrier et les coûts de construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, suite à la publication par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de son avis sur le plan de rectification de certaines soudures.

Les essais dits "à chaud" doivent bien débuter "dans les deux semaines qui viennent", a confirmé Jean-Bernard Lévy.

Le chargement du combustible est actuellement prévu pour le quatrième trimestre 2019 et l'objectif de coût de construction s'élève à 10,9 milliards d'euros à la date de mise en service du réacteur.

Depuis le début du chantier fin 2007, le démarrage du réacteur, au départ prévu en 2012, a été à plusieurs reprises repoussé.

-Alice Doré et François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: LBO - ECH

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