En hausse de plus de 30% depuis le début de l'année, l'action du groupe électronucléaire public EDF se paie le luxe de se classer en tant que deuxième plus forte hausse de l'indice SBF 120 de la Bourse de Paris, qui parallèlement a perdu 13%. Soit une surperformance massive de l'action EDF, qui capitalise de nouveau plus de 40 milliards d'euros.

Il faut dire que tendanciellement, les résultats d'EDF s'améliorent. Le CA enregistre une croissance organique significative qui d'ailleurs accélère : + 4% au 1er semestre 2018, + 5,3% sur neuf mois. En effet, et après des difficultés, la disponibilité des centrales nucléaires et donc leur production s'améliore, et celle des moyens hydrauliques retrouve des niveaux plus normatifs après avoir été exceptionnellement pénalisés l'an passé.

Porté par cette tendance et l'effet des économies, l'EBITDA du 1er semestre a ainsi progressé d'environ 18% à 8,2 milliards d'euros. Et après 13,7 milliards d'euros en 2017, EDF vise entre 14,8 et 15,3 milliards au titre de l'ensemble de 2018, à taux de change comparable et climat 'normal'.

L'énergéticien profite de la hausse du prix de l'électricité en Europe, en raison notamment de l'augmentation du prix du CO2 qui doit être compensé par les opérateurs énergétiques qui en émettent. Un bon point relatif pour EDF, dont les trois quarts environ de l'électricité d'origine nucléaire sont très peu 'carbonés' relativement à celle provenant des centrales thermiques, à charbon et gaz notamment.

Hors ARENH, 'l'augmentation (du prix de l'électricité) d'un euro par MWh se traduit par une hausse de l'EBITDA d'environ 280 à 300 millions d'euros et par une augmentation de 6 à 7% du résultat net', calcule le bureau d'études AlphaValue.

Si l'endettement net d'EDF est massif (31,3 milliards), il a baissé de 1,7 milliard d'euros durant les six premiers mois de l'année et ne représentait alors 'que' 2,1 fois l'EBITDA annuel, chiffre relativement peu élevé dans l'absolu pour ce secteur. Et d'ailleurs inférieur à l'objectif du groupe en la matière, soit un ratio de 2,5 fois.

Autre élément de soutien pour l'action EDF, plus spéculatif cette fois : la future réorganisation du groupe, certains opérateurs pariant sur un scénario de séparation 'à l'allemande' où, par exemple, les activités nucléaires seraient isolées et reprises par l'Etat en raison de leur caractère stratégique, risqué et coûteux. Les autres branches du 'nouvel EDF' seraient alors mieux valorisées. A cet égard, le plan énergétique pluriannuel présenté très récemment par le gouvernement est plutôt intéressant et donne une certaine visibilité au groupe. Même s'il suppose aussi la fermeture d'une petite quinzaine de réacteurs nucléaires français (sur 58) d'ici 2035.

EG

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