Bien que confronté à un été exceptionnellement chaud marqué par deux épisodes de forte canicule, l'électricien public estime que le niveau de ses retenues d'eau en France n'est en moyenne que de 2% inférieur à la normale actuellement grâce à des décisions prises largement en amont.

Au-delà d'un travail quotidien de prévision météorologique ou de mesure du débit des rivières, EDF calcule en hiver la teneur en eau des manteaux neigeux et prévoit quel sera l'apport de leur fonte au printemps, ce qui lui permet de déterminer quand et à quel point il doit utiliser les réserves de ses retenues, ou au contraire les préserver.

"Nous avons limité la production d'électricité cet été en dehors des périodes d'extrêmes pointes (de consommation)", a dit Yves Giraud lors d'une rencontre avec la presse.

"Globalement, nous ne voyons pas d'impact fort (du changement climatique) sur la production d'électricité", a-t-il toutefois ajouté. "On a pu faire des corrections par le passé(...), mais nous n'avons pas aujourd'hui de nouvelles corrections à faire."

Si EDF n'a pas constaté de tendance nette liée au changement climatique en matière de précipitations, il souligne la forte variabilité de celles-ci, à la fois spatiale et temporelle.

Le groupe fait aussi état d'une hausse significative des températures depuis les années 1980, particulièrement marquée au printemps, qui augmente l'évaporation de l'eau.

EDF a dû s'adapter au cours des six premiers mois de 2019 - deuxième semestre le plus sec des 30 dernières années - ce qui s'est traduit par une chute de sa production hydroélectrique française de 31,6% par rapport à la même période de 2018, au cours de laquelle le groupe avait au contraire bénéficié d'importantes chutes de neiges et de pluie.

Il est le premier exploitant du parc hydroélectrique français avec environ 80% des capacités de production - soit quelque 20 gigawatts répartis entre 433 centrales -, loin devant Engie, numéro deux du secteur à travers sa participation dans la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et à travers sa filiale SHEM (Société hydro-électrique du Midi).

Alors que la France envisage de longue date de mettre en concurrence son parc hydroélectrique, EDF défend l'idée d'une nouvelle régulation lui garantissant d'être indemnisé pour l'eau qu'il met aujourd'hui à disposition des agriculteurs, des gestionnaires d'eau potable ou du secteur du tourisme.

EDF prévoit en outre de présenter fin 2019 une vaste réorganisation de ses activités qui pourrait aboutir au découpage du groupe en deux entités distinctes - l'une constituée autour du nucléaire et l'autre autour des renouvelables -, une opération dont Yves Giraud a déclaré qu'elle n'avait pas aujourd'hui de lien avec le renouvellement des concessions hydroélectriques.

(Benjamin Mallet, édité par Benoît Van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : ENGIE, Electricité de France