PARIS (awp/afp) - L'exécutif met la dernière touche à sa feuille de route énergétique pour les dix prochaines années, avant une présentation très attendue la semaine prochaine, avec des arbitrages cruciaux pour l'avenir du nucléaire et des renouvelables.

Emmanuel Macron doit présenter mardi les grands axes de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour les années 2019-2023 et 2024-2028, dans un discours aux contours plus larges, destiné par ailleurs à répondre à la colère des "gilets jaunes".

Certaines décisions sont déjà connues. Ainsi, le gouvernement a rappelé à maintes reprises son intention de fermer les quatre dernières centrales à charbon du pays d'ici à 2022 car elles sont très polluantes.

Le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy a aussi confirmé cette semaine l'objectif de 40% de la production électrique issue des énergies renouvelables à l'horizon 2030, comme le prévoit la loi de transition énergétique de 2015.

C'est le seul scénario "légal", a d'ailleurs souligné Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Mais une question épineuse reste sur la table: celle du nucléaire, qui soulève de nombreux enjeux allant de l'avenir de milliers de salariés à la sécurité d'approvisionnement du pays.

La loi de 2015 prévoit de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% (contre 71,6% l'an dernier) à l'horizon 2025.

Mais cette date a été abandonnée, car jugée irréaliste, par Nicolas Hulot lorsqu'il était ministre. Le nouvel horizon a été repoussé à 2035 par son successeur François de Rugy et la loi devra d'ailleurs être modifiée.

Cet objectif suppose de fermer d'ici à 2035 environ 12 réacteurs, en plus des deux de Fessenheim, sur les 58 que compte le parc d'EDF.

"transformation"

Mais c'est la question du rythme et du calendrier qui reste à préciser. François de Rugy plaide de son côté pour un "scénario de transformation" qui implique de fermer six réacteurs supplémentaires d'ici à 2028, sur les dix ans couverts par la PPE.

C'est aussi ce que réclament des associations hostiles au nucléaire tout comme Nicolas Hulot. L'ancien ministre, qui faisait son retour public cette semaine, a réclamé "au moins" six fermetures avec "un calendrier, un échéancier, qu'on nomme les réacteurs".

Mais deux autres scénarios, parmi les trois dévoilés cette semaine par l'AFP, ne prévoient aucune fermeture dans les dix ans et renvoient les arrêts à 2029-2035. Ce qui correspond d'ailleurs à la demande d'EDF qui propose de fermer certains réacteurs seulement une fois qu'ils auront passé 50 ans.

Il est toutefois possible que l'exécutif, dans un "compromis", retienne une trajectoire intermédiaire, a cheval entre deux des scénarios évoqués, indique une source gouvernementale.

Emmanuel Macron n'avait pas encore tranché vendredi. "Nous avons encore des discussions pour ajuster les choses", indiquait François de Rugy sur RTL.

Ce dernier insiste pour éviter le statu quo: "avec Emmanuel Macron nous avons été élus pour transformer le pays, pas pour reconduire ce qui s'est toujours fait".

"Nos centrales nucléaires, elles deviennent de plus en plus âgées, de plus en plus vieillissantes, elles ont de plus en plus de difficultés", a-t-il dit.

Ces décisions tardives de l'exécutif sur un sujet aussi sensible et complexe alimentaient la nervosité des entreprises, toujours dans le flou. Un dirigeant du secteur s'avouait ainsi "perplexe" cette semaine.

Par ailleurs, même si l'atome et l'électricité concentrent toutes les attentions, la PPE doit aborder de nombreux autres sujets.

"Nous visons une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030. C'est plus ambitieux que la loi de 2015 qui prévoyait une diminution de 30%", a indiqué François de Rugy dans Libération. Il souhaite décliner cette baisse dans deux secteurs: le transport et le logement.

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