(Répétition sans changement d'une dépêche publiée jeudi)

* Appel à manifester vendredi, nouveaux modes d'actions

* Texte examiné le 17 février à l'Assemblée, adoption avant l'été

* La CGT prévient qu'elle ne "lâchera rien"

* LR réclame des clarifications immédiates sur le financement

par Marine Pennetier

PARIS, 24 janvier (Reuters) - Fruit de deux ans de négociations, objet de sept semaines de contestation, le projet de réforme du système des retraites est présenté vendredi en conseil des ministres, dernière étape avant son examen au Parlement, à charge pour les partenaires sociaux de s'entendre sur ses paramètres financiers.

Signe d'une tension sociale toujours vive, les opposants à la réforme ont fait monter la pression ces derniers jours en multipliant les actions "coup de poing", tentant de s'introduire au théâtre parisien des Bouffes du Nord où se trouvait Emmanuel Macron, ou encore procédant à des coupures d'électricité.

"Vouloir bloquer un certain nombre de sites, ne pas respecter la loi en s’introduisant dans telle ou telle enceinte privée, procéder à des coupures sauvages de courant, tout cela c’est méconnaître la démocratie, tout cela c’est méconnaître la loi", a répliqué le Premier ministre Edouard Philippe mardi.

La détermination de l'exécutif à fusionner les 42 régimes de retraite actuels en un système "universel" par points "est totale, complète, tranquille", a-t-il assuré devant l'Assemblée nationale.

Les deux projets de loi (organique et ordinaire) seront transmis le 3 février à une commission spéciale de l'Assemblée nationale avant d'être examinés à partir du 17 février en séance publique.

Face à la bronca des syndicats réformistes, CFDT en tête, opposés à toute "mesure paramétrique", la partie financement a été retirée temporairement de la réforme, le temps qu'une "conférence de financement" trouve d'ici fin avril des mesures à même de garantir l'équilibre financier du système en 2027.

"ON NE LÂCHERA RIEN"

Un "geste" de l'exécutif salué comme une "victoire" par la CFDT et l'Unsa, mais la tâche s'annonce ardue. Pour compenser les 12 milliards d'euros théoriquement générés par l'âge pivot à 64 ans, assorti d'un bonus-malus, que l'exécutif souhaitait instaurer progressivement à partir de 2022, les partenaires sociaux, divisés au sortir de ce conflit inédit, devront s'accorder sur des scénarios alternatifs.

La baisse des pensions et la hausse du coût du travail ayant été écartés par l'exécutif, le recours partiel au Fonds de réserve des retraites (FRR), doté fin 2017 de quelque 36 milliards d’euros, ou encore l'instauration d'un "âge pivot personnalisé" prenant en compte les carrières longues et la pénibilité figurent parmi les pistes possibles.

Cette marge de manoeuvre étroite est dénoncée par les syndicats contestataires qui y voient un "jeu de dupes" du gouvernement qui, faute d'entente entre les partenaires sociaux, reprendrait alors la main et réintroduirait l'âge pivot - méthode éprouvée lors des négociations sur l'assurance-chômage.

Même en cas d'accord, l'incertitude demeure sur la poursuite du mouvement social animé depuis le 5 décembre par l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC et organisations de jeunesse) qui réclame un retrait pur et simple du texte et appelle à une septième journée d'action interprofessionnelle ce vendredi.

"On ne lâchera rien", a prévenu mercredi Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT.

Même détermination dans les rangs de l'opposition politique qui fourbit armes et arguments. Mardi, le président de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, Éric Woerth, a annoncé que son parti, Les Républicains (LR), ne voterait pas la réforme sans éclaircissement sur son coût et son financement.

A gauche, treize formations ont appelé mercredi au retrait du projet de réforme et demandé, entre autres mesures, une "meilleure prise en compte de la pénibilité" et une "retraite minimum au niveau du Smic".

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