* Les modalités sur l'équilibre négociables, assure Le Maire

* La CFDT ferme sur l'âge pivot, appelle à une grande réunion

* La CGT-Cheminots menace de poursuivre la grève pendant Noël

par Marine Pennetier et Henri-Pierre André

PARIS, 12 décembre (Reuters) - "Discutons!" : le gouvernement a tendu la main jeudi à la CFDT au lendemain de la présentation du projet de réforme des retraites qui a braqué l'ensemble des syndicats, dont les centrales réformistes qui ont annoncé rallier le front de contestation.

Le syndicat de Laurent Berger, favorable au principe d'un système par points porté par l'exécutif, a estimé mercredi qu'une "ligne rouge" avait été franchie avec l'instauration d'un "âge pivot" fixé à 64 ans à partir de 2027 visant à équilibrer financièrement le système.

Partagée par l'Unsa et la CFTC, cette position complique la donne pour l'exécutif, confronté à un mouvement de grèves qui paralyse les transports et menace de se poursuivre pendant les fêtes de fin d'année. Le scénario de 1995, avec plus de trois semaines de grèves contre le plan Juppé, s'insinue dans les esprits.

Face à cette perspective, l'exécutif s'est employé jeudi à souligner les "avancées sociales" du projet de réforme, citant notamment la pénibilité, les droits familiaux ou encore un minimum de pension de 1.000 euros nets par mois, et a appelé à la discussion.

"La CFDT a été largement entendue" donc "ce serait dommage que sur un point, un pur point financier, qu'il y ait un blocage alors même que nous sommes ouverts à la négociation", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur France 2.

"Arrêtons avec la logique de conflit, il y a de la place pour la discussion, pour la négociation, sur la pénibilité, sur les modalités pour parvenir à l'équilibre, mettons-nous autour d'une table, regardons tous ces sujets", a-t-il poursuivi.

"Si les partenaires sociaux se mettent d'accord sur autre chose (pour parvenir à l'équilibre-NDLR), le gouvernement écoutera les partenaires sociaux", a abondé le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin sur Europe 1. Ce qui n'est "pas négociable", c'est la nécessité de parvenir à cet équilibre.

Parmi les pistes pour y parvenir, il y a plusieurs solutions possibles, a-t-il avancé en contrepoint, citant la baisse des pensions, l'augmentation des cotisations patronales - "mais ça tue l'emploi" -, l'augmentation des cotisations des salariés ou l'augmentation de la durée du temps de travail - option retenue par l'exécutif à ce stade.

"PAS DE TRÊVE À NOËL"

Hostile à toute réforme "paramétrique", la CFDT, qui avait prévenu ces dernières semaines qu'elle s'opposerait à tout projet qui mêlerait système par points et mesures d'économies, a appelé dans la foulée des annonces d'Edouard Philippe à manifester mardi prochain.

Il faut que le gouvernement comprenne "qu'en voulant courir deux lièvres à la fois, il a fait une erreur, il met en danger ce projet de réforme universelle des retraites auquel la CFDT tient (...) parce qu'il poursuit une logique budgétaire", a déclaré Laurent Berger sur BFM TV et RMC. "La question de l'équilibre, ce n'était pas la promesse du président de la République, la promesse, c'était un système universel des retraites."

"J'espère qu'on ne va pas dans le mur, en tout cas la CFDT n'en portera pas la responsabilité, j'espère qu'on va aller vers un apaisement et une rediscussion", a-t-il poursuivi, appelant de ses voeux une réunion entre le Premier ministre et "tous ceux qui veulent s'inscrire dans une réforme universelle des retraites."

"Il faut retrouver le chemin du dialogue, la CFDT est ouverte", a-t-il assuré.

Une semaine jour pour jour après la première manifestation contre la réforme, qui avait rassemblé plus de 800.000 personnes dans les rues, les transports étaient encore très perturbés jeudi à la SNCF et la RATP et la situation devrait perdurer, a prévenu la CGT-Cheminots.

"La grève continue, nous sommes au regret de constater que le gouvernement est droit dans ses bottes et donc (la grève) va durer longtemps", a déclaré le secrétaire général du syndicat Laurent Brun sur franceinfo. "Pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison avant cela".

Voir également :

Les principaux points du projet de réforme des retraites

(Edité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Electricité de France, Total