RENNES (awp/afp) - Environ 600 personnes, selon la police et les organisateurs, ont manifesté samedi près de Dinard (Ille-et-Vilaine) pour exiger le désenvasement de l'estuaire de la Rance et la mise oeuvre du plan défini par l'Etat.

Sur le site, la vase s'accumule depuis l'installation en 1966 par EDF de l'usine marémotrice de la Rance en sortie d'estuaire.

Les manifestants se sont rassemblés dans la matinée à La Richardais près de Dinard et ont exprimé leur "exaspération et leur volonté de sauver l'estuaire", a indiqué Michel Dardy, vice-président Rance Environnement.

"Sauvons la Rance", pouvait-on lire sur une banderole artisanale formée de lettres capitales brandies par les manifestants.

Les défenseurs du fleuve demandent à l'Etat l'application d'un plan quinquennal (2018-2023) qui doit permettre de contenir le phénomène d'envasement qui touche l'estuaire depuis plusieurs décennies.

Ce plan "aurait dû démarrer le 1er juillet", estime l'association Rance Environnement, qui s'appuie sur un rapport rendu à l'été 2017 par une mission diligentée à l'époque par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.

Le document préconisait un curage du piège à sédiments du Lyvet, l'extraction de 250.000 m3 de boues sur cinq ans - à raison de 50.000 m3 par an - et un programme de recherche et développement pour la connaissance de la dynamique sédimentaire, indique l'association.

En Bretagne, les associations, qui ne remettent pas en cause l'usine de la Rance, critiquent de longue date son impact sur l'écosystème, que ce soit les perturbations sur certaines espèces animales ou la sédimentation accrue dans l'estuaire.

Hormis les dégâts causés sur la faune piscicole, les sédiments empêchent le passage de bateaux entre l'estuaire et le port de Dinan (Côtes d'Armor), soit un manque à gagner de 2 millions d'euros pour l'économie locale, affirme Michel Dardy, de Rance Environnement.

Construit dans les années 1960, à une époque où l'environnement n'était pas une préoccupation pour la société, le barrage fait l'objet d'une concession entre EDF et l'État, propriétaire du domaine maritime. Signée en 1966, cette convention est valable pour une durée de 75 ans.

Barrant l'estuaire de la Rance sur 750 m, entre Saint-Malo et Dinard, l'usine de 240 mégawatts (MW) produit plus de 500.000 MWh par an grâce à 24 turbines de 5,35 m aux pales orientables selon le sens de la marée.

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