* Le sénateur du Vermont conforte son étiquette de favori

* Après son mauvais départ, Joe Biden redresse la tête

* L'espace se réduit pour les candidats "modérés" (.)

par Tim Reid et Simon Lewis

LAS VEGAS, 23 février (Reuters) - Bernie Sanders a conforté samedi son statut de favori dans la course à l'investiture démocrate en remportant les caucus du Nevada, alors que Joe Biden est donné à la deuxième place, un résultat synonyme d'espoir après deux revers lors des précédents scrutins.

Selon les résultats portant sur 43% des lieux de vote où se sont rassemblés les partisans démocrates, le sénateur socialiste du Vermont dispose d'une très large avance sur ses rivaux avec 47% des délégués attribués par cet Etat de l'Ouest américain.

"Nous avons rassemblé une coalition multigénérationnelle et multiraciale qui va non seulement gagner dans le Nevada, mais aussi balayer le pays", a déclaré Sanders devant une foule de sympathisants à San Antonio, au Texas, où il poursuivait sa campagne.

Une étude menée par l'institut Edison Research confirme que le vétéran de la campagne, battu il y a quatre ans par Hillary Clinton dans la primaire démocrate, a réussi à rassembler dans le Nevada à la fois des jeunes et des électeurs d'âge mûr (seuls les plus de 65 ans ne l'ont pas placé en tête), qu'il a attiré une bonne partie de l'électorat hispanique et des syndicalistes de même que des femmes diplômées de l'université.

Après avoir trébuché dans l'Iowa puis le New Hampshire, l'ancien vice-président Joe Biden jouait gros dans le Nevada.

Il y est crédité de 21% des délégués et, surtout, devance l'ex-maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg, à 15%. La sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, est donnée quatrième avec un peu plus de 9%.

"Les médias sont prompts à prononcer la mort des gens, mais nous sommes en vie, nous revenons et nous allons gagner", a lancé Joe Biden devant ses partisans à Las Vegas.

BUTTIGIEG DÉCRIT SANDERS EN IDÉOLOGUE INFLEXIBLE

Le prochain rendez-vous du marathon des primaires, qui désignera le futur adversaire de Donald Trump pour la présidentielle du 3 novembre prochain, est fixé en Caroline du Sud le 29 février prochain, juste avant le "Super Tuesday" du 3 mars, au cours duquel 14 Etats, dont la Californie et le Texas, désigneront plus du tiers des délégués en jeu dans tout le pays.

Mais l'issue de la consultation dans le Nevada semble compliquer la tâche de Joe Biden et des autres candidats modérés qui estiment que Bernie Sanders est trop marqué à gauche et trop "idéologue" pour pouvoir battre Donald Trump dans un peu plus de huit mois.

"Nous pouvons donner la priorité soit à la pureté idéologique, soit à une victoire inclusive. Nous pouvons soit stigmatiser des gens sur internet, soit les embarquer dans notre mouvement. Nous pouvons soit nous resserrer sur une base étroite et radicale, soit ouvrir les portes à une nouvelle coalition américaine, large et généreuse", a commenté Pete Buttigieg.

"Le sénateur Sanders croit en une révolution inflexible et idéologique qui laisse de côté la plupart des démocrates, ainsi que la plupart des Américains", a-t-il martelé.

Il y a quatre ans, Bernie Sanders avait été devancé de cinq points de pourcentage par Hillary Clinton dans le Nevada. Mais le sénateur socialiste a profité à plein cette année de l'émiettement du camp modéré que se disputent les trois candidats centristes en lice (Pete Buttigieg, révélation du début des primaires, Joe Biden, et Amy Klobuchar, la sénatrice du Minnesota).

TRUMP SEMBLE SE RÉJOUIR DE LA PERFORMANCE DE SANDERS

Contrairement aux deux premières étapes du marathon démocrate, l'Iowa et le New Hampshire, qui présentaient un profil démographique très majoritairement blanc, la population du Nevada est plus mixte: en 2016, 40% des participants aux caucus n'étaient pas des Blancs.

Les caucus du Nevada intervenaient aussi dans un contexte particulier, après qu'il a été rendu public que les agences américaines du renseignement pensaient que les autorités russes cherchaient à favoriser l'investiture de Sanders. Ce dernier a confirmé en avoir été informé et a enjoint à Moscou de rester à l'écart de la présidentielle américaine.

Ils suivaient aussi le débat très agité qui a opposé mercredi dernier à Las Vegas les candidats à l'investiture du parti, parmi lesquels Michael Bloomberg conviés pour la première fois à échanger avec ses rivaux.

L'ancien maire de New York a fait l'impasse sur les premiers rendez-vous de la primaire et n'entrera en lice que le 3 mars prochain à l'occasion du "Super Tuesday". Mais le candidat-milliardaire a connu un baptême du feu mouvementé mercredi devant les caméras de télévision.

"Les résultats dans le Nevada renforcent la réalité: la fragmentation des candidatures est en train de placer Bernie Sanders dans la position d'accumuler une avance insurmontable en termes de délégués", a commenté son directeur de campagne, Kevin Sheekey.

Pour sa part, Donald Trump semble se réjouir de la tournure que prend la primaire démocrate.

"On dirait que Bernie le dingue s'en sort bien dans le grand Etat du Nevada. Biden et les autres ont l'air affaiblis, aucune chance pour Mini Mike", a tweeté le président républicain, usant des surnoms dont il a affublé Sanders et Bloomberg.

VOIR AUSSI

ENCADRE Le tableau de bord de la campagne présidentielle

(avec James Oliphant à Washington version française Arthur Connan et Henri-Pierre André)