Zurich (awp) - Ems-Chemie a poursuivi sa croissance au premier semestre, en dépit du ralentissement conjoncturel mondial. Alors que les ventes du fabricant grison de polymères et spécialités chimiques ont fléchi, une première depuis 2015, le groupe en mains de la famille Blocher a vu son résultat d'exploitation (Ebit) progresser de 1,1% à 316 millions de francs suisses.

Le chiffre d'affaires net s'est inscrit à 1,15 milliard de francs suisses, en repli de 3,5%, écrit vendredi Ems-Chemie, dont la holding est-elle établie à Herrliberg, dans le canton de Zurich. A taux de change constants, les ventes ont reculé de manière plus modérée (-1,4%).

Le groupe, dont le principal site de production se trouve à Domat/Ems, a subi le premier tassement de ses ventes depuis 2015, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) avait abandonné le taux plancher face à l'euro. A l'image de l'Ebit, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est aussi étoffé de 1,9% à 346 millions de francs suisses.

Alors que l'Ebit s'est révélé supérieur aux attentes des analystes, le chiffre d'affaires a manqué les anticipations. Sondés par AWP, les experts tablaient sur un Ebit de 311 millions de francs suisses et des recettes de 1,18 milliard.

Repli de la production automobile

Le groupe est cependant parvenu à surmonter l'affaiblissement des ventes, en particulier dans l'industrie automobile laquelle représente 60% du chiffre d'affaires, à la faveur de l'introduction de nouveaux produits. Ems-Chemie a aussi renforcé son assise aux Etats-Unis.

Le tassement des ventes reflète en partie les baisses de prix des matières premières, lesquelles ont été répercutées aux clients. Mais l'entreprise grisonne a particulièrement souffert de l'affaiblissement de la production automobile, laquelle s'est globalement contractée entre janvier et fin juin de 6,3%, a relevé devant la presse Magdalena Martullo, la directrice générale d'Ems-Chemie.

Les affaires de la branche ne semblent pas s'améliorer: en juin, la production de nouveaux véhicules a dégringolé de 24% en Allemagne. Au niveau de l'état d'esprit des clients, la situation ressemble en partie à celle de 2008, année marquée du douloureux sceau de la crise financière, a noté la conseillère nationale (UDC/ZH). Cependant, l'industrie automobile a fait l'apprentissage de cette phase difficile.

Actuellement, les lignes de production de nombreux constructeurs en Europe de l'Ouest sont quasiment à l'arrêt, tandis que celles des usines se trouvant à l'Est du vieux continent tournent à plein régime. Ems-Chemie a aussi anticipé le ralentissement conjoncturel en lançant dès 2018 le programme d'efficience "Fit 2019", dont le groupe bénéficie désormais, a dit la fille de Christoph Blocher.

Pas de réduction d'effectif

Ems-Chemie ne veut cependant pas réduire la voilure, l'entreprise préférant ne pas repourvoir certains postes vacants. Actuellement, l'effectif compte 3% de salariés de moins que douze mois auparavant. En Suisse, le nombre de collaborateurs est resté stable, a ajouté Mme. Martullo. "Alors qu'en 2009, nous avions dû recourir à des mesures de chômage partiel, nous voulons l'éviter cette fois".

Evoquant la suite de l'exercice, Ems-Chemie anticipe toujours un résultat opérationnel au minimum au niveau de l'an dernier (620 millions). Côté chiffre d'affaires, l'entreprise, qui tablait jusqu'alors sur des revenus de 2,3 milliards engrangés en 2018, renonce pour la première fois depuis 15 ans et l'accession à la direction de Mme Martullo à publier une prévision.

De trop nombreux facteurs rendent l'exercice impossible, a expliqué la directrice générale. Outre les différends commerciaux et les problèmes financiers de nombreux pays, le franc suisse pourrait également s'apprécier à nouveau et rendre toute anticipation obsolète.

Les investisseurs ont réservé un bel accueil aux résultats semestriels d'Ems-Chemie. A la clôture de la Bourse suisse, le titre affichait une forte progression de 5,4% à 603,50 francs suisses, alors que l'indice élargi SPI a reculé de 0,91%.

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