E.ON s'attend à ce que son bénéfice d'exploitation annuel augmente en moyenne de 3 à 4% au cours des trois prochaines années, tandis que RWE compte verser un dividende supérieur aux attentes au titre 2019.

A Francfort, l'action E.ON avance de 4,63%, à 13h10 GMT, mais le titre RWE recule légèrement de 0,2% et Innogy perd 0,31% au même moment. L'indice GDAXI abandonne 0,2%.

RWE, qui détient 76,8% d'Innogy, va céder à E.ON sa participation majoritaire dans sa filiale. Il va parallèlement prendre une participation minoritaire dans E.ON et récupérer les actifs dans les énergies renouvelables aussi bien d'E.ON que d'Innogy, ont annoncé les deux groupes dimanche.

E.ON conservera cependant quelques actifs dans les énergies renouvelables, notamment son parc éolien offshore Rampion de 1,3 milliard de livres (1,46 milliards d'euros) au large du sud de la Grande-Bretagne.

Dans le cadre de leur accord, E.ON va se concentrer sur les réseaux de gaz et d'électricité d'Innogy, augmentant sa part de bénéfice issu des actifs réglementés à environ 80% contre 65%. Le groupe comptera quelque 50 millions de clients en Europe.

RWE de son côté, qui est l'un des principaux émetteurs de dioxyde de carbone en Europe avec ses centrales à charbon et à gaz, va devenir le champion allemand de l'"Energiewende", c'est-à-dire la transition vers l'"énergie verte", et le numéro trois européen dans l'énergie renouvelable, derrière l'italien Enel et l'espagnol Iderbrola.

"Cette opération ne fait que des gagnants", a déclaré Rolf Martin Schmitz, président du directoire de RWE, en référence aussi à l'offre de 5,2 milliards d'euros qu'E.ON va lancer sur les actionnaires minoritaires d'Innogy au deuxième trimestre.

"La masse critique est la clé du succès dans le domaine de l'énergie renouvelable", a-t-il ajouté, notant qu'avant cet accord, ni Innogy, ni E.ON étaient dans une telle position.

L'opération, qui devrait être finalisée à la fin de 2019, aura cependant des conséquences en matière d'emplois, avec notamment la suppression de 5.000 postes et le nouvel E.ON visant 600 à 800 millions d'euros de synergies.

L'Allemagne a décidé en 2011 de sortir du nucléaire et de se tourner vers l'énergie solaire et éolienne peu après la catastrophe de Fukushima au Japon, mettant en péril les modèles économiques fondés sur le charbon et le nucléaire.

RWE prévoit d'augmenter le dividende ordinaire à 0,70 euro par action en 2018, contre 0,50 euro en 2017. Une nouvelle hausse est prévue en 2019. Les analystes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à ce que le dividende soit stable à 0,71 euro par action pour les années 2018 et 2019.

"Le marché intègre dans les cours l'opération autour d'Innogy qui débouche sur des modèles économiques beaucoup mieux ciblés", souligne un trader basé à Francfort.

E.ON, qui a publié de solides résultats lundi, va également aussi relever son dividende en 2018.

(avec Vera Eckert, Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey et Juliette Rouillon)

par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff

Valeurs citées dans l'article : Enel, Iberdrola, RWE, E.ON, innogy SE