La direction d'Engie envisage une série de cessions qui concerneraient un peu plus de 15.000 postes et quelques sociétés de taille importante telles que le spécialiste de la maintenance des sites industriels et des centrales nucléaires Endel, a-t-on appris de sources au fait du dossier et auprès de la CGT.

Le fournisseur de gaz et d'électricité, également très actif dans les services, a fait savoir mardi qu'il comptait "rationaliser" davantage ses activités dans ce domaine et qu'il avait affiné son objectif de sélectivité géographique en décidant de se retirer de plus de 25 pays d'ici 2021.

Selon une source interrogée par Reuters, le groupe envisage dans ce cadre de sortir d'une douzaine de pays d'Afrique, l'Europe et l'Asie étant les autres régions les plus concernées par le recentrage d'Engie.

Endel qui constitue l'un des principaux fournisseurs d'EDF, avec 750 millions d'euros et quelque 7.000 salariés selon son site internet, serait la plus grosse entreprise dont la cession est envisagée, a ajouté cette source.

Une autre source, également au fait du dossier, a toutefois indiqué que seul le pôle "industrie" de l'entreprise serait concerné, et non la maintenance nucléaire.

Les sociétés Ineo Défense (services auprès du secteur de la défense et de la sécurité civile), ainsi que Culturespaces (gestion de monuments historiques et de musées) et Gepsa (services et gardiennage au sein des prisons) figurent elles aussi sur la liste des cessions envisagées par Engie, a précisé la première source.

Selon le quotidien Les Echos, les ventes d'actifs envisagées représenteraient un chiffre d'affaires compris entre 1,2 et 1,8 milliard d'euros, soit 2% à 3% des ventes d'Engie.

La CGT évoque pour sa part un plan concernant 15.000 salariés dans le monde, dont 9.000 en France, et impliquant "des cessions - si possibles - et sinon des arrêts d'activités".

Dénonçant dans un tract "le retour aux licenciements boursiers", une décision "contre-productive" sur le plan industriel et une "grande braderie", le syndicat alerte sur un potentiel "détricotage" des activités d'Engie dans les services et prévient qu'il "agira dans les jours à venir" pour demander le retrait du plan et obtenir le maintien des emplois au sein du groupe.

"Il est incroyable que le groupe Engie, qui a pourtant bénéficié massivement du chômage partiel, veuille dès aujourd'hui se séparer du savoir-faire de 15.000 de ses salariés, alors que l'Etat (...) a explicitement invité les entreprises à attendre les plans de relance de septembre", a pour sa part commenté la CFDT dans un tract.

A fin 2019, Engie employait environ 171.000 personnes dans le monde, dont 77.150 en France.

Le groupe a fait savoir mercredi qu'il démentait les chiffres avancés par la CGT, assurant qu'ils ne correspondaient "à aucun plan global ou réalité".

"Il est à ce stade prématuré d'envisager le nombre de salariés qui pourraient être concernés pas la mise en oeuvre (des) plans d'actions. Il est en outre clair qu'il s'agira dans la plupart des cas de cessions, sans impact direct sur l'emploi", a cependant ajouté Engie, soulignant sa volonté de "dialogue social transparent et responsable".

Ces informations interviennent alors que le groupe, détenu à 24% par l'Etat français, s'est donné six à douze mois pour mettre en place une nouvelle direction générale après le non-renouvellement du mandat d'Isabelle Kocher, remplacée provisoirement par une direction collégiale début février.

(Benjamin Mallet, édité par Henri-Pierre André)