Paris (awp/afp) - Confronté aux grosses difficultés du nucléaire en Belgique, Engie est pour l'instant parvenu à limiter la casse grâce à la bonne tenue de ses autres activités et a confirmé ses objectifs annuels, à condition que ses réacteurs puissent redémarrer comme prévu.

Sur les neuf premiers mois de l'année, le groupe a vu son excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'éroder de 0,3% à 6,5 milliards d'euros (7,4 milliards de francs suisses). En ne tenant pas compte des effets de change et périmètre, il augmente de 5%.

Le chiffre d'affaires a pour sa part modestement progressé de 0,4% (+1% en organique) à 43 milliards.

La directrice générale Isabelle Kocher a salué "une croissance organique solide alimentée principalement par les renouvelables et les réseaux", lors d'une conférence destinées aux analystes financiers.

"Cette bonne performance a permis de compenser les impacts financiers liés aux indisponibilités du parc nucléaire belge, qui devrait progressivement retrouver les taux de disponibilité de ces dernières années", a-t-elle commenté.

Le groupe a confirmé ses objectifs financiers annuels sur le résultat net récurrent (attendu dans le bas de la fourchette de 2,45 à 2,65 milliards d'euros), sur le ratio dette nette/Ebitda et sur le dividende.

Mais Engie avait jusqu'alors évoqué une fourchette indicative d'Ebitda allant de 9,3 à 9,7 milliards d'euros. Comme l'avait déjà indiqué en septembre la directrice financière, Judith Hartmann, il table désormais sur un chiffre légèrement inférieur, désormais fixé à "environ 9,2 milliards d'euros".

Les objectifs restent toutefois conditionnés au redémarrage des réacteurs nucléaires exploités par sa filiale belge Electrabel, principale source de problèmes pour Engie actuellement.

Redémarrages

Un seul réacteur nucléaire sur les sept exploités par Electrabel est en effet en fonctionnement en Belgique, ce qui a même fait craindre un temps une pénurie d'électricité dans le royaume.

Electrabel espère pouvoir compter cinq réacteurs nucléaires en fonctionnement d'ici la fin de l'année.

"En plus de Doel 3, qui fonctionne déjà depuis la fin juillet, quatre autre unités (Thiange 1 en novembre, Doel 1, 4 et 2 en décembre) doivent redémarrer d'ici la fin de l'année", a confirmé Paulo Almirante, directeur des opérations d'Engie.

"Nous avons lancé une revue complète des opérations nucléaires du groupe à différent niveaux", a-t-il ajouté, alors que le groupe souhaite tirer les leçons de ces problèmes.

Les arrêts prolongés font suite à la découverte d'une dégradation du béton de certains locaux annexés au bâtiment réacteur. Des anomalies ont également été constatées au niveau de l'armature du béton dans certains sites.

Ces problèmes pèsent négativement pour environ 600 millions d'euros sur l'Ebitda du groupe cette année.

A la Bourse de Paris, les résultats étaient bien accueillis: l'action Engie prenait 2,33% à 12,30 euros dans un marché en progression de 1,37%.

"Les fondamentaux restent solides avec encore un bon trimestre en ce qui concerne la croissance organique dans les trois activités coeur de métier d'Engie", ont salué les analystes de Bryan Garnier dans une note.

Engie est en pleine phase de transformation depuis quelques années et doit faire un point sur sa stratégie en février.

Engagé dans un plan de cession, le groupe avait notamment signé en juin un accord pour vendre au thaïlandais Global Power Synergy Public Company Ltd (GPSC) ses 69,1% dans Glow, un producteur d'électricité coté à la Bourse de Thaïlande.

Mais la commission thaïlandaise de régulation de l'énergie a refusé la vente et GPSC a fait appel de cette décision.

"Nous avons en réalité plein d'options", a assuré Isabelle Kocher. "Nous avons reçu plusieurs marques d'intérêt provenant de plusieurs acheteurs crédibles donc je suis très confiante en notre capacité à vendre notre part dans Glow dans de très bonnes conditions", a-t-elle déclaré.

afp/jh