Eramet est présenté, à raison, comme le plus gros groupe minier français. A l'échelle internationale toutefois, et pour des raisons historiques liées à la colonisation notamment, l'hexagone est un petit poucet du secteur. Les 2 milliards de dollars de capitalisation du Français ne pèsent pas bien lourd à côté des dizaines de milliards des BHP, Rio Tinto et autre Vale. Mais le dossier est toujours fort entouré en bourse, non seulement à cause de sa volatilité mais aussi parce qu'il constitue le seul véritable représentant du secteur à Paris, où il ne reste presque plus aucun des grands noms anglo-saxons inscrits il y a encore une dizaine d'années. Les bons connaisseurs de la cote pourraient aussi citer EURO Ressources ou Auplata, et sans doute quelques valeurs plus exotiques inscrites sur l'ancien Marché Libre (cherchez bien, il y en a plusieurs).
 

Si, si, Eramet a coté plus de 500 EUR (Source Zonebourse avec Bloomberg)

En 2017, Eramet a dégagé 3,7 milliards d'euros de revenus pour 608 millions d'euros de résultat opérationnel courant et 203 millions d'euros de bénéfice net. Une performance en nette amélioration par rapport aux années de vaches maigres antérieures. Contrairement aux idées reçues, le nickel est la plus petite des trois divisions à l'heure actuelle. La grande majorité des revenus et des bénéfices émane en fait de la branche manganèse. Les alliages génèrent aussi des ventes importantes, mais leur rentabilité est faible.
 

Une nouvelle stratégie à l'oeuvre

La stratégie de la nouvelle direction repose sur l'élimination des actifs peu performants d'ici 2020 par le redressement, la consolidation ou la sortie du périmètre. Le management est en parallèle à l'affût de croissance interne et externe (manganèse, nickel ou autre métaux de niche). Enfin, l'accent est aussi mis sur les métaux nécessaires à la transition énergétique (lithium, cobalt, sels de nickel… et recyclage).

Dans le même temps, un gros effort d'organisation et de structuration a été lancé, dont faisait partie l'audit sur les process qualité de la division alliages. Un audit qui est à l'origine de la chute du titre en bourse ce jour, puisqu'il a permis la découverte de défaillances dans le contrôle-qualité. Eramet précise que la sécurité des produits livrés n'est pas en cause et que les clients concernés ont été prévenus. "Un plan d’actions correctives" a été lancé. Les surcharges ne sont pas chiffrées à ce stade, mais elles sont jugées "matérielles", donc conséquentes, un avis que nous partageons avec Invest Securities qui rappelle que "matérielles" n'est qu'un "anglicisme signifiant significatives". Une annonce nécessaire mais qui tombe mal pour la nouvelle direction, qui avait commencé à regagner la confiance des marchés. Aucune communication n'est prévue avant l'annonce des résultats annuels le 20 février prochain et AlphaValue n'en attend pas forcément dans l'invervalle, car le processus est toujours en cours. L'impact pourrait se situer "entre 5 et 10 millions d'euros au moins", se risque le bureau d'études, tout en soulignant que l'estimation est très aléatoire compte tenu du manque d'éléments en sa possession. Au vu de la chute du titre, Eramet a par la suite précisé que le montant concerné pourrait avoisiner 25 millions d'euros.