Paris (awp/afp) - Le groupe métallurgique et minier Eramet a annoncé mercredi une chute de 74% de son bénéfice net en 2018, à 53 millions d'euros, en raison notamment de 65 millions d'euros de provisions passées pour couvrir des problèmes de contrôle qualité dans sa branche alliages.

Le bénéfice net du groupe, qui réalise toutefois un chiffre d'affaires annuel de 3,825 milliards d'euros en ligne avec les prévisions, était attendu aux alentours de 210 millions d'euros, dans le sillage de celui atteint en 2017 (203 millions d'euros), selon un consensus réalisé par Factset.

"Dans le cadre d'une revue interne des processus qualité au sein de sa branche Alliages, Eramet a constaté des non-conformités dans le système de management de la qualité au sein de cette branche", avait annoncé début décembre le groupe. A l'époque, il prévoyait "un impact" sur ses résultats supérieur à "25 millions d'euros".

"Les résultats sont de très bonne facture, ils restent élevés et fortement créateurs de valeur pour la 2e année consécutive", s'est néanmoins félicitée mercredi la PDG Christel Bories, en mettant en avant l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 843 millions d'euros et le bénéfice opérationnel courant de 581 millions d'euros. Respectivement, ces deux données diminuent de 3% et 4% seulement.

Les résultats d'Eramet continuent d'être portés par l'activité manganèse, qui progresse de 2% grâce à la nouvelle production record de 4,3 millions de tonnes au Gabon et représente 49% d'un chiffre d'affaires total en augmentation de 5%.

Eramet déplore toutefois un "effet ciseaux négatif sur les marges des alliages de manganèse, une sous-performance à la (filiale de nickel calédonienne) SLN compte tenu de difficultés sociétales en Nouvelle-Calédonie et les pertes réalisées par l'usine de Sandouville et Aubert & Duval".

Un blocage de la SLN et des grèves entre août et octobre ont ainsi coûté 11 millions d'euros à Eramet, qui a annoncé le lancement d'un plan de sauvetage du site visant à améliorer la productivité, obtenir la réduction des tarifs énergétiques et augmenter la part d'exportation des minerais.

Dans le futur, Eramet, qui avait renoué en 2017 avec les bénéfices après 167 millions d'euros de perte nette un an plus tôt, compte s'appuyer sur son site gabonais et la production de lithium en Argentine pour retrouver de meilleurs marges de croissance.

Au Gabon, il devrait ainsi produire 4,5 millions de tonnes dès 2019 et vise une capacité de 7 millions de tonnes dès 2023 grâce à un investissement de 600 millions d'euros.

En Argentine, une prise de décision est attendue au premier semestre pour lancer à horizon 2021 la production de lithium après un investissement de 500 millions d'euros.

L'entreprise mise sur sa croissance intrinsèque en 2019 et ses gains de productivité pour compenser la dégradation actuelle des conditions de marché. Dans ces conditions, elle s'attend à un excédent brut d'exploitation comparable à celui de 2018.

afp/rp