(Actualisé avec autres manifestations, et contexte)

BRATISLAVA, 9 mars (Reuters) - Plus de 30.000 Slovaques ont manifesté vendredi soir à Bratislava contre le gouvernement de Robert Fico, accentuant la pression sur le Premier ministre après l'assassinat d'un journaliste d'investigation et de sa compagne, qui a provoqué une onde de choc dans le pays.

Le reporter Jan Kuciak, qui a été tué par balles à son domicile avec sa fiancée au mois de février, couvrait les affaires de fraude impliquant des hommes d'affaires liés au pouvoir politique. Sa dernière enquête, restée inachevée, portait sur des hommes d'affaires italiens qu'il soupçonnait de liens avec les milieux mafieux actifs en Slovaquie.

L'un de ces hommes d'affaires, qui dément tout lien avec la mafia italienne, a eu par le passé des relations avec deux personnes qui ont travaillé au cabinet de Robert Fico.

Les organisateurs de la manifestation de vendredi à Bratislava ont réclamé une enquête approfondie sur l'assassinat du journaliste et l'avènement d'un "nouveau gouvernement, digne de confiance".

Des milliers d'autres manifestants ont défilé dans d'autres villes de Slovaquie, tandis que des centaines de personnes se rassemblaient dans plusieurs villes d'Europe contre la politique de Robert Fico.

Les médias slovaques ont parlé pour Bratislava de la plus importante manifestation depuis la "révolution de velours" de novembre 1989. Certaines universités avaient laissé les étudiants quitter les cours plus tôt. L'une des plus grandes banques du pays, Slovenska Sporitelna, du groupe autrichien Erste Bank, avait fait savoir qu'elle permettrait à ses employés de partir plus tôt pour participer au rassemblement.

Le président slovaque, Andrej Kiska, adversaire politique de Robert Fico, a estimé que le pays souffrait d'une crise de confiance et a appelé de ses voeux un remaniement ministériel après l'assassinat du journaliste, ou bien la tenue d'élections législatives anticipées. ()

Andrej Kiska, Robert Fico et le président du parlement, Andrej Danko - les trois plus hauts personnages de l'Etat - ont eu vendredi des discussions mais ne se sont pas entendus sur un projet de déclaration écrite visant à désamorcer les tensions.

Robert Fico, qui a mis en garde contre le risque de violences lors des manifestations, a accusé certaines forces étrangères de chercher à déstabiliser la Slovaquie, pointant du doigt notamment les rencontres entre le président Kiska et le financier George Soros qui ont eu lieu à New York l'an dernier sans qu'aucun représentant du ministère des Affaires étrangères n'y assiste. (Tatiana Jancarikova; Eric Faye pour le service français)