Le numéro un mondial du secteur, né de la fusion l'an dernier entre le géant français des verres optiques Essilor et le lunetier italien Luxottica - présentée comme un accord logique et une fusion entre égaux -, se trouve au coeur d'une grave crise, chaque partie s'accusant de vouloir dominer l'autre.

Il a annoncé qu'il travaillait activement à une vingtaine de projets d'intégration des deux entreprises et s'est engagé à réaliser des économies de coûts.

Le groupe prévoit d'informer les investisseurs sur ces projets, qui vont de la recherche et développement au marketing, lors d'une journée qui leur sera consacrée en septembre.

En Bourse, l'action cédait 0,8% en milieu de journée, dans un marché parisien lui-même en baisse de 0,6%.

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires d'EssilorLuxottica a augmenté de 3,7% à taux de change constants, à 4,2 milliards d'euros, avec une croissance dans tous les secteurs et toutes les régions.

Les objectifs ont été confirmés, dont celui d'une augmentation des ventes de 3,5% à 5% cette année et des économies de coûts pouvant atteindre 600 millions d'euros par an au cours des trois à cinq prochaines années.

Le groupe n'a toutefois fait aucune référence à ses problèmes de gouvernance. Les tensions sont devenues évidentes en novembre lorsque le fondateur de Luxottica Leonardo Del Vecchio, désormais le principal actionnaire du groupe, a semblé faire appel à son bras droit Francesco Milleri pour les fonctions de directeur général, ce qui a irrité la partie française.

Les relations ont été particulièrement tendues entre Leonardo Del Vecchio et le vice-président exécutif Hubert Sagnières, qui partagent le leadership d'EssilorLuxottica.

Essilor et Luxottica sont supposés avoir le même poids au sein du conseil d'administration de la société fusionnée en vertu d'un accord qui expire en 2021.

En mars, Leonardo Del Vecchio a déposé une demande d'arbitrage auprès de la Chambre de commerce internationale, basée à Paris, une procédure qui prend en moyenne deux ans. En réponse, Essilor a demandé à un tribunal parisien de désigner un médiateur extérieur.

Lors de la prochaine assemblée des actionnaires, plusieurs investisseurs minoritaires et Valoptec International, qui représente les salariés actuels et passés, souhaitent que des administrateurs indépendants soient nommés au conseil du groupe dans l'espoir de sortir de l'impasse.

Le conseil d'administration d'EssilorLuxottica a conseillé aux actionnaires de rejeter ces propositions.

(Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Matthias Blamont