BRASILIA, 10 novembre (Reuters) - Au lendemain de sa libération de prison, l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, s'en est pris samedi à l'actuel chef d'Etat Jair Bolsonaro, qu'il a accusé d'appauvrir les salariés du pays, et a appelé à unifier la gauche pour remporter les élections de 2022.

Dans un discours de 45 minutes, l'ex-dirigeant du Parti des travailleurs (PT) a aussi critiqué ses nombreux ennemis politiques parmi lesquels Bolsonaro, le ministre de l'Economie Paulo Guedes et le ministre de la Justice Sergio Moro - un ancien juge qui s'était prononcé pour la condamnation de Lula.

"J'ai envie de leur dire: je suis de retour", a-t-il déclaré devant des centaines de partisans vêtus de rouge, la couleur du PT, devant le siège du syndicat des métallurgistes où Lula a fait ses débuts politiques.

Président du pays de 2003 à 2010, Lula purgeait depuis avril 2018 une peine de prison pour corruption, pour avoir accepté des pots-de-vin en échange de l'attribution de contrats gouvernementaux.

Sa libération a été ordonnée vendredi par la justice, au lendemain d'un arrêt de la Cour suprême brésilienne qui a mis fin à l'emprisonnement obligatoire des condamnés avant l'épuisement de tous leurs recours. La décision des onze juges de la Cour suprême, approuvée par six voix contre cinq, a enterré une jurisprudence mise en place il y a trois ans et qui a contribué au succès de l'enquête anti-corruption "Lavage express" ("Lava Jato").

S'exprimant devant des journalistes à Brasilia, Jair Bolsonaro a appelé à ne "pas faire de place à un compromis avec un condamné". "Ne donnez pas de munitions au scélérat, qui est momentanément libre mais plein de culpabilité", avait dit plus tôt sur Twitter le président d'extrême droite, sans mentionner le nom de Lula.

Lula, qui est inéligible jusqu'en 2025, a déclaré devant ses partisans que "si nous travaillons dur, la soi-disant gauche dont Bolsonaro a tant peur battra l'extrême droite en 2022".

L'ancien président, qui clame son innocence, a répété samedi que Sergio Moro, les procureurs et la police avaient comploté contre lui pour des motivations politiques.

Réagissant sur Twitter aux propos de Lula, l'actuel ministre de la Justice a déclaré qu'il ne répondait "pas aux criminels, emprisonnés ou libres. Certaines personnes méritent d'être ignorées". (Jake Spring et Anthony Boadle; Jean Terzian pour le service français)