Au moment où la macroéconomie britannique commence à montrer quelques signes inquiétants de fébrilité, la majorité absolue de Theresa May à la Chambre des Communes semble plus que jamais menacée, compliquant la tâche du pays dans la gestion du Brexit.

Le 18 avril dernier, lorsque Theresa May a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées le 8 juin prochain, l’objectif était double :

1- Renforcer sa majorité au Parlement (actuellement 330 sièges sur 650 aux Communes) dans l’optique du lancement des négociations avec l’Union européenne, au sujet du Brexit, le 19 juin.

2- Prolonger son mandat de 2020 à 2022, les députés étant élus pour 5 ans, de façon à ne pas faire interférer une nouvelle campagne électorale avec la procédure de sortie de l’UE.

Malheureusement pour la Première ministre, à mesure que le scrutin approche, les enquêtes d’opinion prédisent un écart de moins en moins important entre les Conservateurs au pouvoir et l’opposition des Travaillistes, dont le chef de file Jeremy Corbyn jouit d’une popularité croissante. Un récent sondage valide même l’hypothèse selon laquelle Theresa May perdrait la majorité absolue.

L’instabilité politique provoquée par un tel scénario pénaliserait inévitablement le pays dans ses tractations avec Bruxelles et amplifie le risque d’isolement des Britanniques, alors que le grand allié américain se montre de son côté de moins en moins fréquentable.

Sur le front macroéconomique, la chute de la Livre consécutive au référendum sur le Brexit entraine une hausse mécanique des prix qui tarit les dépenses des ménages. Conséquence directe, la croissance du Royaume-Uni au premier trimestre, d’abord évaluée à un famélique +0.3% à l’occasion d’une première estimation, vient d’être révisée en baisse de façon inattendue à seulement +0.2%.

Mais le pire semble encore devant les Britanniques alors que l’inflation continue de se renforcer au deuxième trimestre, les prix à la consommation progressant à hauteur de +2.7% sur un an en avril, un record en près de 4 ans. Une tendance que la Banque d’Angleterre s’est par ailleurs dit prête à tolérer, soucieuse de maintenir une politique accommodante dans le contexte actuel.

Graphiquement, bien que la dégringolade du sterling ait été contenue au cours des huit derniers mois, la devise britannique semble plus que jamais vulnérable au moindre développement de l’actualité autour du Brexit. Sur la parité EUR/GBP, une clôture quotidienne au-delà de 0.8828 ouvrirait la voie d’un retour vers 0.9034 GBP alors que l’Euro avait brièvement franchi le seuil de 0.92 GBP à l’occasion du flash krach du 7 octobre dernier.