Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont nettement détendus lundi, renouant avec des niveaux plus vus depuis plusieurs mois, dans un marché redoutant que l'épidémie de coronavirus, dont la propagation s'est nettement accélérée hors de Chine, ne se transforme en pandémie.

"Les marchés sont réellement en mode +aversion au risque+" ce lundi, a relevé auprès de l'AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche de SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

Ainsi "nous avons touché des plus bas dans la matinée", a-t-il complété alors que les investisseurs en recherche de sécurité face à la propagation du coronavirus se sont rués vers les obligations d'Etat, valeurs refuge par excellence.

Le taux allemand à dix ans est ainsi tombé jusqu'à -0,50% et celui de l'Espagne jusqu'à 0,19%, des plus bas depuis le 10 octobre 2019 tandis que celui de la France a chuté jusqu'à -0,26%, un minimum depuis le 9 octobre 2019.

Le rendement de même échéance des Etats-Unis a quant à lui chuté jusqu'à 1,35%, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis le 8 juillet 2016, dans le sillage du référendum sur le Brexit.

"Il y a un petit côté panique (sur le marché)", a estimé M. Lesné. "Nous nous attendions à ce que les marchés obligataires restent relativement bien tenus" en raison de la crise du coronavirus mais "c'est assez surprenant de voir comment les Italiens ont décidé de gérer la chose, en fermant toute une zone".

L'épidémie de pneumonie virale s'est accélérée lundi à travers le globe, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l'Iran, les deux pays qui comptent chacun le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de Chine.

L'Italie, qui compte désormais cinq morts, est devenue le premier pays d'Europe à mettre en place un cordon sanitaire autour d'une dizaine de villes du Nord tandis que l'Afghanistan, Bahreïn, le Koweït, l'Irak et Oman ont annoncé de premiers cas de contamination.

Le directeur général de l'OMS a d'ailleurs appelé lundi le monde à se préparer à une "éventuelle pandémie" du nouveau coronavirus, en jugeant "très préoccupante (...) l'augmentation soudaine" de nouveaux cas hors de Chine.

Tension du taux italien

"C'est l'effet traînée de poudre qui fait vraiment peur" au moment où l'activité commence à reprendre en Asie, a souligné M. Lesné.

"En Europe et aux Etats-Unis, nous avions l'impression que c'était un problème asiatique mais aujourd'hui cela devient plus proche et nous impacte dans la vie quotidienne donc le marché se réveille", selon lui, d'autant qu'on "ne sait pas comment cela va évoluer".

Seule l'Italie a vu ses taux à dix ans se tendre lundi en raison d'une forme de "méfiance par rapport au risque", la dette de ce pays étant considérée comme moins sûre que celle de l'Allemagne - qui fait référence - et de la France, a noté M. Lesné.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a fini en nette baisse à -0,48% contre -0,43% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi un mouvement identique, à -0,24% contre -0,20%. Le reflux a été moins prononcé pour celui de l'Espagne, à 0,20% contre 0,22%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Italie est quant à lui monté à 0,96% contre 0,90% vendredi. Il est allé jusqu'à 1%, un plus haut depuis début février.

Le taux d'intérêt à 10 ans du Royaume-Uni s'est détendu à 0,54% contre 0,57% après être descendu jusqu'à 0,51%, un plus bas depuis fin janvier.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans reculait à 1,36% contre 1,47% vendredi, à l'instar de celui à 30 ans, à 1,82% contre 1,91%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 1,25% contre 1,35%.

afp/rp