PARIS, 28 novembre (Reuters) - Les marchés actions européens pourraient profiter l'année prochaine du déplacement du risque politique vers les Etats-Unis après une décennie de sous-performance, estime-t-on chez Lyxor Asset Management.

Selon le scénario de base de la société, l'Europe devrait connaître une diminution du risque politique et une légère reprise économique, ce qui lui permettrait de bénéficier de valorisations avantageuses par rapport aux actions américaines.

La récession manufacturière mondiale a touché son point bas, la détérioration de la conjoncture chinoise parait désormais endiguée et les banques centrales devraient maintenir des politiques accommodantes dans les pays développés comme dans les émergents, ce qui constitue un soutien majeur pour les marchés, a résumé jeudi Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la recherche marchés chez Lyxor Asset Management lors d'une présentation.

"L'ensemble de ces facteurs devraient éviter une récession en 2020 très clairement et peut-être un peu au-delà, aussi bien aux Etats-Unis qu'ailleurs dans le monde", a-t-elle ajouté.

L'amélioration du contexte économique devrait favoriser davantage les actions européennes que les américaines grâce à des valorisations meilleur marché et au recul du risque politique sur le Vieux Continent.

Les incertitudes sur le Brexit semblent toucher à leur fin, a estimé Jeanne Asseraf-Bitton. Les élections législatives anticipées du 12 décembre devraient être favorables au Premier ministre britannique, Boris Johnson, ce qui éloigne la perspective d'un Brexit dur.

A l'inverse, aux Etats-Unis, le risque politique s'accroît avec l'approche de l'élection présidentielle de novembre 2020, dont l'issue est pour l'instant incertaine, et la procédure de mise en accusation visant l'actuel locataire de la Maison blanche, Donald Trump.

Mais c'est la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui reste le principal foyer d'incertitude. "Notre pronostic est qu'au mieux, on aura un accord léger et, au pire, on aura une trêve. Nous ne sommes pas plus optimistes parce que l'une des exigences de Donald Trump est l'achat par Pékin de 40 à 50 milliards de dollars de produits agricoles américains. Une exigence très élevée (...) qui équivaut à quadrupler les achats chinois", a dit Jeanne Asseraf-Bitton.

"Donald Trump a enfin réalisé que la guerre commerciale impacte l'économie réelle et devient négative pour ses perspectives de réélection," a-t-elle ajouté.

Lyxor AM, qui juge prématuré de renforcer l'exposition des portefeuilles aux actifs à risques, relève son opinion sur les actions américaines et européennes de "sous-pondérer" à "neutre" mais continue de préférer le crédit dans la mesure où la probabilité d'une récession diminue.

LE POINT sur les perspectives de marché 2020 des gérants et analystes (Laetitia Volga, édité par Marc Angrand)