Bruxelles (awp/afp) - Les effets économiques de la pandémie de coronavirus seront "dévastateurs" pour la zone euro, a prévenu mardi la Commission européenne, qui anticipe une récession sans précédent et pire qu'attendue en 2020.

Selon ses prévisions, le PIB des 19 pays ayant adopté la monnaie unique devrait chuter de 8,7% en 2020, avant de rebondir en 2021 (+6,1%). Début mai, elle avait tablé sur un recul de 7,7% cette année, puis une reprise (+6,3%) l'année suivante.

"L'impact économique du confinement est plus grave que ce que nous avions prévu au départ. Nous continuons à naviguer en eaux troubles et sommes confrontés à de nombreux risques, dont une nouvelle vague importante d'infections" au Covid-19, a expliqué le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.

"Ces prévisions montrent les effets économiques dévastateurs de cette pandémie", a souligné le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, évoquant un "coup historique" porté à l'activité du continent.

Trois pays - l'Italie, l'Espagne et la France - sont touchés de plein fouet: leur PIB devrait reculer de plus de 10% en 2020. Il s'agit, sans surprise, des Etats de la zone euro les plus frappés par le virus, en nombre de morts.

L'Italie verrait ainsi son PIB dégringoler de 11,2% en cette année, avant de rebondir en 2021 (+6,1%). Le PIB espagnol chuterait de 10,9% en 2020 puis se redresserait à +7,1% l'année suivante. Quant au PIB français, il pourrait reculer de 10,6% en 2020, puis reprendre à 7,6% l'an prochain.

A l'inverse, l'Allemagne fait partie des pays - avec le Luxembourg, Malte et la Finlande - qui devrait le mieux limiter la casse, avec un PIB en recul de 6,3% cette année et une reprise à 5,3% en 2021.

"Grippe espagnole"

"Au deuxième trimestre 2020, la production économique devrait s'être nettement plus contractée qu'au premier trimestre", souligne l'exécutif européen dans son communiqué.

"Toutefois, les premières données pour mai et juin suggèrent que le pire est peut-être passé. La reprise devrait s'accentuer au cours du second semestre, même si elle reste incomplète et inégale d'un État membre à l'autre", ajoute-t-il.

Paolo Gentiloni souligne cependant que "l'incertitude entourant ces prévisions (...) est grande". Et les risques qui pèsent sur la croissance exceptionnellement élevés.

"L'ampleur et la durée de la pandémie restent largement inconnues", rappelle le commissaire italien, dont les services sont partis du principe dans leurs prévisions qu'il n'y aurait pas de deuxième vague d'infections.

"Nous ne devons pas penser que l'expérience de la grippe espagnole se répètera. Mais nous devons penser à la possibilité de vivre pendant un certain temps avec le danger d'une épidémie localisée", ajoute-t-il.

D'autres dangers pèsent également sur le marché du travail, la solvabilité des entreprises et la stabilité des marchés financiers, qui auraient un impact immédiat sur la croissance.

Sans oublier le risque de "no deal" en fin d'année entre l'UE et Londres sur la relation post-Brexit, qui aurait "un effet négatif pour les deux parties, mais surtout pour le Royaume-Uni".

A l'inverse, "la disponibilité rapide d'un vaccin contre le coronavirus" est susceptible d'améliorer les prévisions. Tout comme un accord des Etats membres sur le plan de relance de l'économie proposé par la Commission, le grand chantier de l'UE en juillet.

Les prévisions de Bruxelles pour la zone euro sont conformes à celles de la Banque centrale européenne, qui table également sur une baisse de 8,7% du PIB en 2020.

Mais elles restent plus optimistes que celles du Fonds monétaire international, qui voit les pays de la zone euro subir une récession plus sévère encore cette année (-10,2%).

Pour l'ensemble de l'UE, la Commission anticipe une chute du PIB de 8,3%, puis une reprise de 5,8%.

afp/buc