Bruxelles (awp/afp) - L'épidémie de nouveau coronavirus est désormais susceptible de peser sur l'activité de la zone euro, tout comme les incertitudes liées au Brexit et les tensions commerciales, a mis en garde Bruxelles jeudi, maintenant cependant à 1,2% ses prévisions de croissance pour 2020 et 2021.

"L'apparition et la propagation du coronavirus et son impact sur la santé publique, les vies humaines et l'activité économique sont une source de préoccupation croissante", souligne la Commission européenne dans un communiqué.

"À l'heure actuelle, on suppose que le PIB de la Chine sera le plus touché au premier trimestre, avec des retombées relativement limitées au niveau mondial", estime l'exécutif européen.

Mais "la durée de l'épidémie et les mesures de confinement adoptées" constituent "un risque majeur" car une propagation globale pourrait rapidement perturber "la chaîne de valeur mondiale", ajoute-t-il.

L'industrie allemande, déjà en souffrance, est "particulièrement exposée" à l'éventuel "impact prolongé du coronavirus sur le commerce extérieur et les chaînes d'approvisionnement".

"Il est trop tôt pour évaluer l'ampleur de (l')impact économique négatif" de l'épidémie, mais il s'agit d'une "source de préoccupation évidente", a affirmé le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni.

Le nouveau coronavirus, qui a touché plus de 60'000 personnes et fait au moins 1300 morts en Chine, où il est apparu en décembre, affecte une trentaine de personnes dans sept pays mais n'a pas fait de mort dans l'UE.

D'autres risques, plus familiers, persistent par ailleurs sur la zone euro, à commencer par la "grande incertitude" qui "plane encore sur le futur partenariat" qui doit être négocié cette année avec le Royaume-Uni.

De même, "le degré élevé d'incertitude entourant la politique commerciale américaine reste un obstacle à une reprise plus générale du climat des affaires", souligne la Commission.

Enfin, "l'agitation sociale en Amérique latine", "l'aggravation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient", mais aussi "les risques liés au changement climatique" --qui "ne peuvent être exclus à court terme"-- pourraient également peser.

Mauvais élève italien

En dépit de cet "environnement extérieur difficile", Bruxelles maintient ses prévisions de croissance pour la zone euro à 1,2% pour 2020 et 2021, aux mêmes niveaux que sa dernière évaluation à l'automne.

Les prévisions restent également inchangées pour l'ensemble de l'UE, à 1,4% en 2020 et 2021.

Avec cette croissance, la zone euro prolongera sa "plus longue période d'expansion depuis le lancement de l'euro en 1999", a souligné M. Gentiloni.

Selon Bruxelles, la croissance de la région, bien que "modérée", est portée par "la poursuite de la création d'emplois, la forte croissance des salaires et une combinaison de politiques favorables", même si cela reste insuffisant "pour faire passer la croissance à la vitesse supérieure".

Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a d'ailleurs appelé les Etats membres à "poursuivre les réformes structurelles visant à stimuler la croissance et la productivité".

A l'inverse, il invite les pays dont la dette publique est élevée, comme la France, l'Italie, la Belgique ou le Portugal, à mener "des politiques budgétaires prudentes".

Dans le détail, l'Italie reste le mauvais élève de la zone euro, avec une croissance estimée à 0,3% en 2020 et à 0,6% en 2021.

Elle est suivie par l'Allemagne (1,1% en 2020 et 2021) et la France (1,1% cette année, 1,2% l'an prochain), qui enregistrent elles aussi des taux de croissance assez faibles par rapport aux autres pays ayant adopté la monnaie unique.

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a d'ailleurs estimé jeudi que l'épidémie de coronavirus pourrait amputer la croissance française de 0,1 point de pourcentage en 2020.

En ce qui concerne l'inflation, les prévisions ont été relevées à 1,3% en 2020 et 1,4% en 2021 dans la zone euro, soit une augmentation de 0,1 point pour les deux années par rapport aux dernières prévisions.

"Cela reflète les signes provisoires selon lesquels les salaires plus élevés pourraient commencer à se répercuter sur les prix", ainsi que des hypothèses "légèrement plus élevées concernant les prix du pétrole".

afp/ck