ADEN, 12 août (Reuters) - Les Emirats arabes unis (EAU) ont minimisé lundi l'importance du contentieux qui les oppose depuis quelques jours à leur alliée l'Arabie saoudite dans les combats qui se déroulent à Aden, la grande ville du sud du Yémen.

L'Arabie saoudite soutient le gouvernement sunnite en exil reconnu par la communauté internationale tandis que les Emirats appuient des milices séparatistes installées dans le sud du pays et qui mènent actuellement des combats contre les troupes progouvernementales.

Sur le papier, séparatistes et forces loyalistes sont alliés dans la guerre contre les miliciens chiites houthis, alignés sur l'Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa et les régions les plus peuplées dans le nord du Yémen.

Les divisions apparues au sein de l'alliance sunnite est de nature à affaiblir les efforts militaires menés depuis 2015 par la coalition des pays du Golfe sous le commandement de l'Arabie saoudite pour rétablir le gouvernement d'Abd Rabbou Mansour Hadi réfugié en territoire saoudien.

Si les EAU ont minimisé l'ampleur des rivalités sur le terrain, ils ne sont pas allés jusqu'à demander aux séparatistes du Conseil de transition du Sud (CTS) de restituer le contrôle d'Aden, principale cité portuaire du sud du Yémen.

Le prince héritier d'Abou Dhabi a rencontré le roi Salman et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman lundi à La Mecque dans une apparente tentative d'apaiser les tensions au sein de la coalition pour ne pas favoriser les Houthis.

"Les EAU et l'Arabie saoudite ont appelé les parties yéménites en conflit à donner la priorité au dialogue et à la raison dans l'intérêt du Yémen", a indiqué l'agence de presse WAM citant le prince héritier émirati Cheikh Mohammed bin Zaïed al Nahyan après la rencontre.

Les Nations unies et d'autres organisations humanitaires ont commencé à retirer une partie de leurs personnels en charge des importations commerciales et de l'aide.

"Nous réduisons le nombre de nos personnels à Aden jusqu'à ce que nous parvenions à établir que nous pouvons mener à nouveau notre mission en sécurité", a déclaré Farhan Haq, porte-parole de l'Onu, s'exprimant à New York.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a évacué 17 employés de l'Onu et 21 autres personnes à bord d'un bateau. Six membres du PAM sont restés sur place à Aden, a dit un autre porte-parole de l'Onu à Genève.

"Le calme est revenu mais les gens sont inquiets. Nous ne savons pas ce qu'il peut se passer", a dit Adel Mohammed un habitant d'Aden inquiet d'un retour des pénuries d'eau et de nourriture.

(Mohammed Mukhashef et Fawaz Salman; Pierre Sérisier pour le service français)