par Francois Murphy et John Irish

VIENNE/PARIS, 3 mars (Reuters) - L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévoit de réprimander publiquement l'Iran pour ne lui avoir pas permis d'accéder à un ou plusieurs sites suscitant son intérêt, ont déclaré lundi plusieurs diplomates au fait des missions de l'AIEA.

Chaque trimestre, l'agence onusienne, qui supervise le Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPOA en anglais) conclu en 2015, communique à ses Etats membres un rapport sur les activités nucléaires de Téhéran.

Alors que le prochain rapport doit être publié mardi, l'AIEA a prévu de diffuser au même moment un document distinct - une démarche inédite depuis la signature de l'accord de 2015 - pour interpeller l'Iran sur son manque général de coopération et en particulier sur son incapacité à lui donner accès à ses sites, ont déclaré des diplomates.

"Le message général est: il y a un nouveau shérif en ville", a déclaré un diplomate de l'un des 35 pays siégeant au comité de gouvernance de l'AIEA en référence au nouveau directeur général de l'agence, Rafael Grossi, nommé en octobre dernier avec le soutien notamment des Etats-Unis.

Sous son précédent directeur général, le défunt Yukiha Amano, l'AIEA avait dans un premier temps résisté à la pression exercée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de visiter un site que celui-ci a qualifié d'"entrepôt atomique secret", se référant lors d'un discours devant l'Assemblée générale de l'Onu à une grande quantité de données obtenues par les services du renseignement israéliens.

Téhéran a décrit le site comme un centre de nettoyage de tapis mais, selon des diplomates, des représentants de l'AIEA ont inspecté ce site en février 2019 et réuni des échantillons montrant des traces d'uranium dont l'Iran n'a toujours pas expliqué complètement la présence.

Désormais l'agence internationale cherche à accéder à un ou plusieurs sites mentionnés dans l'ensemble de données décrites par Israël comme des "archives nucléaires" de l'ancien programme d'armement de l'Iran.

Un porte-parole de l'AIEA s'est refusé à tout commentaire.

Les services du renseignement américain et l'AIEA croient savoir de longue date que l'Iran a eu un programme d'armement nucléaire secret dont il a arrêté le développement bien avant la signature de l'accord de 2015. Téhéran nie avoir eu un tel programme et assure qu'il ne cherchera jamais à obtenir la bombe atomique.

Toutefois l'Iran a commencé à déroger graduellement à des règles édictées par le JCPOA en réponse au retrait des Etats-Unis de l'accord, en mai 2018, qui a entraîné le rétablissement des sanctions américaines visant la République islamique et nui à ses exportations vitales de pétrole.

Selon un diplomate européen, le second rapport que l'AIEA doit publier mardi portera sur des "questions de garanties liées aux sites auxquels l'AIEA n'a pas pu accéder". Il n'était pas en mesure de dire quelles recommandations ferait l'agence.

D'autres diplomates ont déclaré qu'au moins un site serait mentionné dans le document, peut-être deux.

Aucun des six diplomates disant s'attendre à la publication simultanée d'un second rapport n'ont fourni de détails sur le ou les sites que le document pourrait mentionner. (version française Jean Terzian)