(Actualisé tout du long avec précisions, analyste; photo à disposition)

par Leika Kihara et Tetsushi Kajimoto

TOKYO, 18 mai (Reuters) - L'économie japonaise a plongé en récession pour la première fois depuis quatre ans et demi, montrent des données officielles publiées lundi, et pourrait connaître son plus important creux depuis la Deuxième Guerre mondiale alors que la crise sanitaire liée au coronavirus affecte entreprises et consommateurs.

La troisième économie mondiale s'est contractée sur la période janvier-mars pour le deuxième trimestre consécutif, compliquant la tâche des décideurs à Tokyo dans leur lutte contre les effets de l'épidémie de coronavirus.

D'après les statistiques gouvernementales préliminaires, le produit intérieur brut (PIB) du Japon s'est contracté au premier trimestre de 3,4% en rythme annualisé, après un déclin de 7,3% en lecture définitive sur la période octobre-décembre.

Les économistes anticipaient en moyenne une contraction de 4,6% sur la période janvier-mars.

Il s'agit de la première récession de l'économie nippone depuis la seconde moitié de l'année 2015.

D'un trimestre sur l'autre, le PIB a diminué de 0,9% au premier trimestre, alors que le consensus ressortait à -1,2%.

"C'est presque certain que l'économie a marqué un déclin encore plus important lors du trimestre actuel", a déclaré Yuichi Kodama, économiste en chef du Meiji Yasuda Research Institute.

"Le Japon est entré dans une récession à part entière", a-t-il ajouté.

La consommation privée, qui représente plus de la moitié de l'économie japonaise, a reculé de 0,7% au premier trimestre. Le consensus ressortait à -1,6%.

Elle a connu son deuxième trimestre consécutif de déclin, alors que les ménages japonais ont subi à la fois la crise sanitaire et la hausse de la TVA, de 8% à 10%, en octobre dernier.

CRAINTES D'UN PLUS BAS HISTORIQUE

L'épidémie du nouveau coronavirus, apparue en Chine continentale en fin d'année dernière, a dévasté l'économie mondiale alors que de nombreux pays ont instauré des mesures de confinement pour enrayer la propagation du virus.

Cet impact sur les échanges commerciaux mondiaux a été mis en exergue par des statistiques publiées en mars indiquant un déclin des exportations du Japon à un plus bas de près de quatre ans.

Les données communiquées lundi montrent que les dépenses en capital ont reculé de 0,5% sur la période janvier-mars, contre un consensus de -1,5%, marquant un déclin pour un deuxième trimestre consécutif.

Au final, la demande intérieure a retiré 0,7 point de pourcentage à la croissance, alors que la demande extérieure a effacé 0,2 point de pourcentage.

Il est attendu que la situation a empiré au cours du trimestre actuel après que le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré en avril l'état d'urgence au Japon pour faire face à la crise sanitaire. La population a été appelée à se confiner et de nombreux commerces ont dû fermer.

Si l'état d'urgence a été levé jeudi dans de nombreuses régions du pays, il reste en vigueur dans plusieurs grandes villes dont la capitale Tokyo.

Les analystes interrogés par Reuters s'attendent à ce que l'économie japonaise se contracte de 22,0% au deuxième trimestre, ce qui serait un plus bas historique.

Le gouvernement a déjà annoncé un ensemble budgétaire record de 1.100 milliards de dollars, et la Banque du Japon (BoJ) a renforcé en avril son soutien monétaire pour le deuxième mois consécutif.

Shinzo Abe a promis de dévoiler d'ici la fin du mois un second budget additionnel pour l'exercice fiscal actuel débuté en avril, avec de nouvelles dépenses pour compenser les dégâts économiques de la crise sanitaire. (version française Jean Terzian)