Tokyo (awp/afp) - Affectés par l'impact de la pandémie et la chute des cours du pétrole, les prix à la consommation au Japon ont reculé en avril, selon des données publiées vendredi, une première depuis fin 2016, ressuscitant le spectre de la déflation.

Les prix à la consommation (hors produits frais) ont reculé de 0,2% en avril sur un an, après une hausse de 0,4% en mars, selon des chiffres du ministère des Affaires intérieures.

Le consensus d'économistes Bloomberg s'attendait à un repli de 0,1% seulement.

Les prix ont notamment fortement baissé dans l'énergie (-1,8%), conséquence directe de l'effondrement du marché du pétrole dans la foulée de la crise mondiale du coronavirus.

En excluant à la fois les produits frais et les prix de l'énergie, les prix à la consommation ont augmenté de 0,2% en avril.

Les prix ont globalement reculé de 0,6% dans les services, alors que le gouvernement a déclaré l'état d'urgence début avril dans l'archipel, face à la hausse des cas de Covid-19.

Sans prévoir de confinement obligatoire ni de sanctions en cas de non respect des consignes, ce dispositif a eu pour effet de considérablement limiter les déplacements et la consommation de biens non essentiels.

Fin avril, à l'occasion de l'abaissement drastique de ses prévisions de croissance et d'inflation pour le pays dans le contexte pandémique, la Banque du Japon (BoJ) n'a pu que constater que la dynamique de hausse des prix pour tendre vers son objectif de 2% était perdue pour le moment.

La BoJ anticipe une déflation comprise entre 0,3% et 0,7% sur l'exercice 2020/21 entamé le 1er avril, avant un retour de l'inflation en 2021/22, mais à des niveaux faibles (entre 0% et 0,7%).

Elle n'espère pas non plus atteindre son objectif de 2% en 2022/2023, dix ans après s'être fixé ce cap dans le cadre de la politique économique de relance budgétaire et monétaire du Premier ministre Shinzo Abe, surnommée les "Abenomics".

Cette politique visait précisément à rompre pour de bon avec la spirale déflationniste qui a marqué le marasme économique du Japon depuis les années 1990.

Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a cependant exclu un retour durable de la déflation au Japon.

"L'économie mondiale va redémarrer graduellement et recommencer à croître, et cela va naturellement stimuler l'économie japonaise et l'inflation", a-t-il estimé la semaine dernière lors d'un colloque en ligne organisé par le Financial Time.

afp/al