par Kevin Yao et Gabriel Crossley

PEKIN, 16 juillet (Reuters) - L'économie chinoise a repris sa croissance au deuxième trimestre après avoir connu un creux historique sur la période janvier-mars à cause de la crise sanitaire, montrent des statistiques officielles publiées jeudi, grâce à la levée du confinement et aux mesures de soutien engagées par le gouvernement.

Toutefois la deuxième puissance économique mondiale n'est pas complètement tirée d'affaire, alors que la consommation et l'investissement sont restés moroses, soulignant la nécessité pour les décideurs à Pékin d'apporter un stimulus supplémentaire pour favoriser le rétablissement économique.

Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a progressé de 3,2% en rythme annuel au deuxième trimestre, selon les données du Bureau national de la statistique (BNS).

Il s'agit d'un rebond supérieur au consensus, qui ressortait à +2,5%, après une chute historique de 6,8% au premier trimestre - la première contraction de l'économie chinoise depuis au moins 1992, année de l'introduction des statistiques officielles sur la croissance.

Ces données sont surveillées de près à travers le monde, en particulier alors que de nombreux pays sont toujours aux prises avec la pandémie de coronavirus, quand bien même la Chine est globalement parvenue à contrôler la crise sanitaire et a pu redémarrer ses activités.

"S'il est juste de dire que, d'une manière générale, les données battent le consensus, elles révèlent aussi que le consommateur chinois reste en retrait sur le plan de reprise", a relevé Rodrigo Catril, stratégiste chez NAB, à Sydney.

"C'est surtout une relance guidée par le stimulus du gouvernement, qui est essentiellement centré sur l'aspect industriel. Le consommateur reste très prudent. Cette prudence est quelque chose que le marché examine dans les pays où le consommateur joue un rôle plus important, donc cela est valable aussi pour les Etats-Unis", a-t-il ajouté.

Le déclin de la consommation est, de fait, apparent. Wanda Film, plus grande chaîne de cinémas du pays avec plus de 600 salles, a dit s'attendre à un déficit net entre 214 et 228 millions de dollars au premier semestre, contre un bénéfice net d'environ 75 millions de dollars sur la même période en 2019.

DAVANTAGE DE SOUTIEN NÉCESSAIRE

Sur les six premiers mois de l'année, l'économie chinoise affiche une contraction de 1,6% par rapport à la même période l'an dernier, indiquent les données officielles.

D'un trimestre sur l'autre, le PIB a progressé de 11,5% sur la période avril-juin, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient une hausse de 9,6% après une contraction de 10% au premier trimestre.

La deuxième puissance économique mondiale, qui fût la première touchée par la pandémie de coronavirus - apparue en fin d'année dernière dans le centre de la Chine continentale -, s'est doucement relancée au cours des deux derniers mois, même si le rebond post-crise sanitaire a été inégal.

Le Premier ministre Li Keqiang, cité lundi par la radio publique, a prévenu que la bataille allait être encore rude alors que la situation reste préoccupante à la fois en Chine et à l'étranger.

Pékin devrait maintenir un soutien accru à l'économie au cours du second semestre, en dépit des craintes sur les risques d'un alourdissement de la dette.

La flambée des cas de coronavirus dans certains pays, dont les Etats-Unis, a jeté une ombre sur le rebond de la demande pour les exportations chinoises, tandis que les suppressions d'emploi et le spectre d'une nouvelle vague d'infections ont maintenu les consommateurs chinois prudents.

Selon des données communiquées séparément jeudi, la production industrielle chinoise a augmenté en juin de 4,8% en rythme annuel, après une progression de 4,4% le mois précédent. Il s'agit d'un troisième mois consécutif de croissance pour le secteur, offrant un peu de répit à l'économie chinoise.

Mais la consommation et l'investissement sont restés faibles.

Les ventes au détail ont marqué en juin un recul de 1,8% en rythme annuel, soit un cinquième mois consécutif de déclin, alors que les économistes s'attendaient à un rebond de 0,3% après une baisse de 2,8% en mai.

L'investissement en actifs immobilisés a reculé de 3,1% au premier semestre par rapport à la même période l'an dernier. Le consensus donnait un repli de 3,3% après un déclin de 6,3% sur les cinq premiers mois de l'année. (avec Stella Qiu et Yawen Chen; version française Jean Terzian)